(FB) New Lands ( Madeline, Armel & Eva)

Titre : New Lands
Participants : Madeline / Armel / Evariste
Date : Eté 1193
Lieu : QG de la Compagnie de Diamant, Chapitre de Rubis, Mont de Rubis
Résumé (optionnel) : Rencontre entre les deux chapitres de la compagnie de Diamant youhou

Les mercenaires de la compagnie étaient un peu devenus comme ma famille. Bon... La plupart étaient des brutes sans gêne, avec éducation, mais ils faisaient mine de l'oublier, c'était plus facile. Je devais avouer que ça m'allais bien comme ça. Je n'avais plus la pression de ma famille sur les épaules depuis quelques années déjà. Qui voudrait d'un hors la loi comme époux ? Pas une femme qui pensait pouvoir gagner en prestige. Mes sœurs avaient cessé de me harceler à chaque instant. Cela avait prit du temps. Mais c'était désormais établit qu'il n'y aurait pas de retour en arrière, peu importe ce que pourraient dire Adrastée, Agathe ou mère.

Il y avait un grand regroupement des deux chapitres de mercenaire. En dix ans dans la compagnie, il n'y en avait eu que quelques uns, mais c'était toujours un plaisir de trouver quelques frères d'autres horizons. Nous avions le même fonctionnement. Néanmoins le voyage jusqu'en Rubis nécessitait quelques vêtements bien plus chauds qu'en Aiguemarine. J'avais enfile un long manteau noir pour me protéger de la fraîcheur environnant des montagnes. L'air y était frai et pur. J'aimais bien rendre visite à ce chapitre. Tout me semblait... Agréablement propre. Enfin... ça c'était jusqu'à ce que je me rende au QG, s'ensuivait quelques réunions et banquets où il était question de boissons et de paris un peu idiots. Je me laissais généralement aller par la festivité du moment et ne passais pas un si mauvais moment.
J'étais sur le cheval qui suivait mes déboires depuis maintenant dix ans. Créature revêche et caractérielle... Autant dire que les voyages, j'avais tendance à les craindre, car Tempête portait bien son nom. Si je n'étais pas mauvais cavalier (les années d'expériences jouant en ma faveur) le petit diable à sabots avait tendance à mordre l'échine de toute bête portée à sa hauteur si je n'y prenais pas garde, et il prenait un malin plaisir à m'écraser les pieds dès qu'il me pouvait. Je craignais cette bestiole et ne lui tournais jamais le dos (à tort ou à raison... Je l'ignorais.)

Une fois arrivés sur place et installés dans ce qui allait être nos quartiers pour les prochains jours, et avant la première réunion (entre nous, foutrement ennuyante) nous avions la possibilité de rencontrer et d'apprendre à connaître (si ce n'était pas déjà fait) nos homologues. J'échangeais un regard rieur avec Armel.

"Essaye de ne pas trop boire cette fois... Je m'en voudrais de devoir encore te narrer tes exploits le lendemain." Je lui mis une tape amicale sur l'épaule, avant de finalement saluer avec quelques poignées de mains et accolades les visages connus. Les hommes agissaient... Et bien... Pour la plupart en homme, essayant de me broyer la main pour... Me montrer leur force ? Bien que j'étais bien bâti et que je n'eus pas à rougir de ma charpente, ma carrure ayant été bâtie à coup d'années d'entraînement, mes camarades avaient tendance à me restreindre au rôle de prisme que j'avais. Mais je n'étais pas que Brume. Mais je devais tout de même avouer que j'appréciais jouer de mes talents, c'est pour cette raison que s'animait discrètement, ton sur ton, les broderies florales de ma chemise sombre. Je me tournais finalement vers un visage inconnu. Celui d'une jeune femme, pas encore totalement sortie de l'enfance, me semblait-il ?

"Bonjour, on ne s'est jamais vus toi et moi. Évariste." Je lui offrais un sourire avant de lui serrer la main, les femmes, dans mon pays, étaient puissantes, respectées, et je les traitais avec le même respect que j'avais pour leurs homologues. C'était manifestement, et je l'avais bien vite appris, culturel.

J’avais toujours un peu d’appréhension à retourner dans mes terres natales. Comme si à chaque instant un voisin de mon passé pouvait surgir devant moi et m’accuser de les avoir abandonné, d’avoir oublié mes devoirs. Dans mes rêves c’est toujours ainsi que ça se passait. Et je me réveillais en sursaut, vérifiant que mon collier aux maillons bien trop noircis soit bien enfouis sous mes couches de vêtements.
Depuis mon engagement dans la compagnie, ces peurs n’avaient fait que s’amplifier. Là où je pensais apporter un peu de repos à ma culpabilité, je n’avais fait que la décupler. Et à chaque stationnement en Rubis entre deux missions, les rêves devenaient encore plus récurrents.
J’espérais que cette fois serait différente. C’était mon premier rassemblement entre les deux chapitres, peut être que la nouveauté et l’effervescence engendrée me sortiraient de mes sombres pensées. L’ambiance de fête au sein du chapitre depuis une bonne semaine, me faisait du bien et je me surprenais à retrouver un caractère beaucoup plus enjoué. Mes compagnons m’avaient vanté cette réunion depuis des lustres. Racontant sûrement autant de vérités que d’inventions, mais il m’était impossible de déterminer le vrai du faux au milieu de toutes ces histoires à dormir debout.

Une chope en main, je me contentais pour l’instant d’observer à distance tous ces hommes et femmes semblant retrouver d’anciens compagnons ou connaissances au sein du chapitre de diamant avec une joie non feinte. Tous ces compagnons qui étaient devenus ma nouvelle famille. Une famille dure, rustre et âpre mais qui m’avait accueillis sans se poser de questions, et sans me poser de questions. Jamais un mot sur les raisons de mon enrôlement, rien sur le collier toujours caché sous mes vêtements et ce même de la part de mes acolytes rubins. Ici, chacun vivait sous un tout autre lot de coutume propre à la compagnie. J'appréciais.

Décidant de me mêler aux autres, j’avançais un peu au hasard n’ayant personne à saluer. Je tendais l’oreille aux anecdotes, riant avec les autres, saluant d’un sourire les personnes croisées.
Au milieu de cette ambiance bourrue, la présentation respectueuse et presque délicate de cet homme m’a pris de court. Grand, brun, ténébreux plutôt bel homme ma décontenance n’a fait qu’augmenter lorsque j’ai tenté de me présenter en retour. En acceptant sa poignée de main et alors que j’esquissais une introduction de ma personne tout aussi délicate pour tenter l’impressionner, un mouvement de foule soudain me propulse brutalement en avant. Lorsque je redresse les yeux, je suis dans ses bras et le contenu de ma chope est éparpillé entre nous sur sa belle chemise dont les broderies dansent étrangement. Rougissant jusqu’au cheveux je m’écarte promptement en tentant d’essuyer pitoyablement les dommages infligés à son habit.

« Je suis désolé ! Attendez je vais arranger ça… C’est à cause d’eux, de leur chahut. Je ne voulais pas vous bousculer. J’ai sûrement déjà trop bu vu que je vois bouger les fleurs de votre chemise… Je suis désolé… Vraiment...»

Rubis est aux mercenaires ce que Topaze est à la réthorique : si vous avez un problème avec l’un ou l’autre autant vous rendre à l’endroit susmentionné pour trouver la solution. (Ou la mort, dans l’un ou l’autre cas. ) En… Combien ? Sept, huit ans ? Au sein de la Compagnie et du désormais défunt Chapitre de Topaze – absorbé par celui de Diamant au début du mois de janvier 1186 - Armel a plus voyagé qu’il ne l’aurait jamais cru possible. Connu les hommes (et les femmes ! ) les plus résistantEs du mondes – les plus libres aussi. Il s’est élevé dans ses rangs un an plus tôt, officieusement bien avant. On a toujours l’usage d’un noble dans le monde pour négocier les contrats qui autrement nous échapperaient.

L’univers de la Compagnie de Diamant est étrange et fantastique – dangereux, mais magnifique. A mille lieues de ce que l’ancien fils de comte, ex-futur héritier du titre de l’Iridescence, aurait pu prévoir quand un soir il s’est engagé dans la Compagnie après trop d’alcool et un hurlement de liberté ; a balancé au vent et au feu ses études le temps de s’occuper. C’est pour mieux le porter au monde et mieux le représenter qu’Armel de l’Iridescence a accepté d’être l’ambassadeur officiel de son chapitre – et, à plus forte raison, de la compagnie toute entière quand les autres imbéciles n’osent pas l’ouvrir. Il aime ses adelphes d’arme, mais il reste le meilleur, ne se faisant aucune illusion.

Il sera présenté aux autres, ce soir. Sous la lune, en pleine nuit, lors d’une cérémonie foutrement traditionnelle dont il voudrait bien se ficher si elle n’était pas si importante : importante pour la tradition millénaire de la faction neutre par essence du continent, importante pour celleux qui se raccrochent aux règles et en font leur cadre de vie, importante pour les grands pontes qui ont ainsi une main sur qui tombe et qui grimpe au sein de la hiérarchie presque divine de la Compagnie. Le jeune trentenaire bout d’impatience, littéralement : il n’a pas arrêté d’emmerder un peu tout le monde le long du trajet, ses amiEs comprisEs.
Et tu crois que j’vais toucher le diamant ? Il brillera autant qu’un autre ? Peut-être que je vais devenir un homme-diamant en le touchant ! Non, tu crois pas ? Et j’aurais des cadeaux ? Je veux des cadeaux.
Armel n’a plus les manières d’un noble mais, très clairement, il a toujours l’égo de celui à qui tout est dû.

Une chapeau de feutre blanc à plume bleue turquoise irisée coiffant ses cheveux, un pantalon beige et une chemise tout aussi turquoise, il déambule aux côtés de son ami Évariste (le terme déambuler devant, ici, être pris au sens de « sautille presque intempestivement tandis qu’ils font le tour de leurs quartiers et qu’ils vont à la rencontre de leurs amiEs et nouvelles recrues encore non connues. ») Un plaisir, vraiment, que de se taper la compagnie d’Armel, farfadet bleu azuréen ! C’est un jour de fête il n’allait tout de même pas venir en noir, peu importe les regards de travers que sa tenue lui apporte ! « Sois pas stupide, souffle-t-il agacé – les mots dans l’air froid résonnent curieusement. Le Nacréen n’est pas habitué à de telles températures en été. Je vais boire raisonnablement pour quelqu’un de mon envergure et de mon statut, et les seuls trucs que t’auras à raconter ça sera comment j’étais brillant sur scène ce soir avec plus de bières que toi dans le nez. Nah ! »
Et pour conclure son discours avant qu’il ne lui échappe, Armel lui tire la langue…

Avant de reculer précipitamment quand la jeunette qu’il salue, peu après, se casse la gueule entre eux, ce qui provoque quelques petits gloussements chez les autres ; Armel explose de rire malgré les quelques gouttes ayant sali son habit (passablement abîmé par le voyage) et tapote l’épaule d’Eva. « Faut plus que tu dises bonjour aux gens, tu fais des catastrophes mon gars. ‘Scusez le mademoiselle, il est trop beau et il provoque souvent ce genre de désagréments. Gentilhomme – mon cul, oui – il tend son propre mouchoir à Évariste pour que celui-ci puisse au moins un peu s’éponger. Fais pas de crise cardiaque, c’est que de la bière. On a des vêtements si tu veux aller te changer. » Un souffle : il sait que si la crise n’est pas contenue le clampin d’Aiguemarine va finir totalement hors-service jusqu’à ce soir. 

Le nouvel ambassadeur du chapitre jette un œil alerte à celle qui a, inconsciemment, probablement effrayé un mercenaire pourtant loin d’être effrayable (il le sait, il a essayé). Son sourire se fait charmeur (conquérant). Sans doute une nouvelle recrue. « Vous traînez au milieu des rustres et des clampins de bas-étage, faites attention où ils mettent les pieds, jeune fille. Avec leur….. Corpulence, je doute seulement qu’ils vous voient avant de vous écraser. A elle, il ne lui tend pas la main. Armel, prétextant que : Vu les dégâts du salut de mon très cher compagnon à côté, je suppose que vous ne voyiez pas d’inconvénient à ce que je ne vous salue que de la tête ? »
Il n’a pas super envie de la toucher, pour être honnête. Le contact est encore… Compliqué, envers celles qui sont ses égales.

Ces célébrations, c'était toujours l'occasion de retrouver quelques adelphes d'arme qu'on avait perdu de vue... Et de rencontrer de nouvelles têtes. Parmi les bourrades et les étreintes, je me traçais une place. Le combat et le risque de crever à tout moment, ça nouait des liens, à n'en pas douter, et je n'avais jamais regretté, pas un seul instant, d'avoir rejoins la Compagnie et d'avoir tatoué ma main. C'était une famille. Bien plus que celle qui m'attendait sous le dôme de Saphir. Je tourne la tête vers mon compagnon, le détaillant de haut en bas. Soufflant pour éviter de me prendre la plume de son chapeau dans l'oeil.

"Je crois qu'on verra que toi ce soir Armel... C'est... Fascinant de te voir te balader dans toutes ces couleurs. On dirait la discrétion d'un paon durant une chasse à courre... J'ai des bonnes adresses de tailleurs d'ailleurs à Saphir, rappelle moi de te les fournir quand nous rentrerons. Ils font des merveilles, ça devrait te plaire." A la maison... Je m'empêche de rajouter ce terme. Mais... Les coins de la compagnie... C'est ma maison, bien plus que celle, toute en beauté et en luxe, de ma famille.
Les mots de mon ami m'arrachent un sourire amusé.

"Mais je ne connais aucun quidam qui a plus de panache que toi mon cher Armel..." Et j'lui met un coup de coude. "Mais je suis navré de te le dire, je tiens mieux l'alcool que toi. C'est le privilège des vieux briscards dans mon genre... Tu vois !"

Et puis... Aussi soudainement que je venais de me présenter à une nouvelle tête, le drame... Je sens l'humidité qui me fait d'un coup rentrer le ventre, mes bras s'écartant machinalement de ma personne. Le tissu sombre semble l'être plus en son centre là où la tâche macule le vêtement, et une odeur de houblon m'emplit les narines. Mon regard cherche à se fixer quelque part, n'importe où, alors que je fais de mon mieux pour ne pas me laisser dominer par l'angoisse qui semble venir s'accrocher à moi.

"Oh merde... Oh merde..." Et je me dépouille de ma chemise en vitesse, ne supportant pas plus longtemps le contact humide contre ma peau. Respire Eva... Respire... L'angoisse étreint soudainement ma gorge. "Non... Non les fleurs qui bougent, c'est normal, j'suis Brume." Et d'un coup une pensée jaillit "je vais pouvoir récupérer le tissu ou pas ? C'est fichu... C'est bon à jeter non ?". Je secoue la tête, embêté. "Je... Heu... C'est... Pas grave. Je reviens. Faites connaissance avec Armel en attendant... Il adore faire la conversation. Hein mon beau ?" Et je le propulse en premier plan d'une tape amicale dans l'épaule. Il fait froid. Il fait frai... Et je sens le vent piquer à vif mon épiderme. Ma peau se couvrir de chaire de poule mais impossible pour moi de porter ce torchon humide. Impossible. Je me précipite dans l'endroit où nous avons entreposé nos affaires, trouvant de quoi me laver à l'endroit où j'avais la désagréable impression de sentir l'humidité contre ma peau. J'me sentais souillé. J'ai pris trop de vêtements, sans doute, mais comme quoi... ça paye d'être prévoyant. C'est ainsi que j'enfile un haut beaucoup moins classieux. Une simple chemise à lacet. Noire. Je me retrouve à nouveau vêtu... Et je soupir, rassuré, accompagnant ma nouvelle tenue d'un manteau chaud. En espérant que personne ne me renversera de liquide dessus. Ou pire... J'étais devenu champion en esquive de postillons et autres expectorations. Les gars... Ce qui se trouvait dans votre bouche... DEVAIT rester à tout jamais ici. J'm'étais empressé de retourner voir le duo insolite, me tenant à distance respectable de la jeune fille, oh elle avait plus de verres, mais on savait jamais. PRUDENCE.

"Excusez l'interlude. Je n'aurais pas été en état d'assister à ces retrouvailles en l'état."

Et d'un claquement de doigt, se détache soudainement du textile une forme plus sombre que la teinte du vêtement, serpentine, se glissant sur toute la surface. J'aimais me parer d'illusions. Simple coquetterie.