Âge : 27 ans (né le 04 avril 1179)
Magie : Argile
Résidence actuelle : Au nord-ouest d'Aiguemarine, dans un vieux bouge chelou.
Occupation : Homme à tout faire, palefrenier.
Statut marital : Célibataire.
Allégeance officielle : Neutre

+ Doux + Patient + Altruiste + Timide + Fuyant + Calme + Passif + Observateur + Vif d'esprit +

1188

Le pont n’apparut pas. Il n’apparut plus. Debout sur la rive, les yeux plongés dans les reflets lisses du lac miroir de Saphir, Sarpédon en resta coi. Quelque chose devait mal fonctionner, ce n’était pas possible autrement : et puis, il avait besoin de rentrer chez lui, il était simplement sorti faire une course pour ses parents, ils l’attendaient et… il devait rentrer. Il s’adressa au passeur, qui ne lui répondit pas, comme si Sarpédon n’existait plus. Les deux fantômes se firent face, jusqu’à ce que Sarpédon ne se mette à hurler, à plaider son cas, à pleurer. Des passants arrivèrent, évitèrent de le regarder, et le pont apparut pour eux. Estomaqué, Sarpédon n’osa même pas se précipiter à leur suite, de peur de passer à travers et de finir dans l’eau maudite, ou pire, rester bloqué sur l’îlot central.

Le pont n’apparaîtrait plus. Pas pour lui. Sarpédon Rosépine, du haut de ses quinze ans, n’avait jamais rencontré d’Argile de sa vie. Le concept même lui était étranger, lointain, un conte qu’on narrait aux enfants le soir, mais qui n’avait pas de réalité propre. Ça ne pouvait pas être aussi simple que ça… Ça ne pouvait pas arriver comme ça, sans raison !? Sarpédon recula de quelques pas, les yeux toujours rivés sur la surface parfaitement lisse du lac, la bouche entrouverte, l’esprit vide. Pourquoi lui ? Pourquoi ça devait tomber sur lui ? Qu’est-ce qu’il avait fait pour mériter ça ? Il hurlait, ne s’était pas rendu compte qu’il le faisait. C’était sorti tout seul. Son corps cédait pour lui, et quand on l’emporta loin du lac, il ne le réalisa pas de suite. On le tirait, lui disait de se taire, de se calmer, mais comment aurait-il pu ? Le pont n’apparaîtrait plus.

Les mains qui l’avaient agrippé et qui le ramenèrent vers la réalité étaient ceux d’une jeune fille, qui pris sur elle de l’emmener chez elle en attendant. Elle lui dit qu’il pourrait écrire à sa famille de là-bas, et que les Rosépine pourraient s’arranger pour s’occuper de leur fils qui ne pouvait plus entrer en ville désormais. Optimiste, peut-être, mais Sarpédon s’accrocha à cet espoir pendant tout le voyage. Ce dernier fut long et pénible, surtout à cause des regards de l’entourage de la jeune femme, qui désapprouvait.  

Le domaine Ondenoire était assez loin, et quand il y arriva, on ne vit pas d’un bon œil qu’Agathe, la cadette, ait décidé de prendre un Argile sous son aile sans en aviser le reste de la famille. Les négociations furent âpres, mais Sarpédon obtint de rester sur le domaine s’il y travaillait. Il devint alors le lad, à nettoyer les box des chevaux et à veiller à ce qu’ils ne manquent de rien. Il écrit à sa famille bien sûr, dès le premier soir. Puis le lendemain soir, tous les jours pendant un mois. Aucune réponse. Il continua à leur écrire, toutes les semaines, puis tous les mois et au bout d’un an, il abandonna. S’ils devaient venir le chercher, ils l’auraient déjà fait. Il valait mieux se rendre à l’évidence, et admettre que sa vie était désormais ici. Il avait compris depuis longtemps qu’il ne reverrait plus Saphir, mais il se serait attendu à ce que ses parents s’inquiètent pour lui. Force était de constater qu’Agathe Ondenoire était davantage une sœur pour lui que sa propre fratrie. Et Agathe ne lui était pas particulièrement proche.

À part les quelques regards en coin, le mépris et le dégoût sur le visages du peu de gens qui savaient qu’il était un Argile, Sarpédon n’eut à souffrir d’autres abus. Le travail était harassant, mais les chevaux lui en étaient reconnaissants. Ils ne le jugeaient pas. Au bout de quelques années, on apprit à Sarpédon à monter, à s’occuper des quelques soins basiques aux chevaux, et il se mit de lui-même à toucher au bricolage. Du haut de ses 27 ans, il était désormais l’homme à tout faire du domaine.

En vrac

- Sarpédon n’a aucun avis particulier sur la Trinité : il trouve leur combat noble, mais il ne se sent pas concerné. Pour lui, ce n’est qu’une lutte de gens qui seront toujours privilégiés par rapport à lui. Personne ne se bat pour les Argiles.

- Avant d’être exclu de Saphir, Sarpédon avait appris à lire, à écrire et à compter, sa famille ayant un commerce qu’il aurait aidé à gérer avec eux. Il a toujours une tête bien faite, une certaine intelligence, mais il n’a plus le temps de se poser pour s’instruire. Il a fini par développer une vraie empathie pour les chevaux, qu’il aime sûrement plus que les êtres humains. Les chevaux ne l’ont jamais abandonné, après tout.

- Il a la chance de ne pas avoir besoin de beaucoup d’heures de sommeil. Cinq heures suffisent généralement, et il lui arrive de se lever en avance de sa journée pour admirer le ciel nocturne en silence.

- Il a longtemps hésité à changer de nom, mais a finalement gardé le nom que lui ont donné ses parents. Même s’ils ont coupé les ponts, il se rattache à cela. Et tant pis pour eux s’ils prennent ça pour une insulte.

- Jusqu’à ses dix-neuf ans, Sarpédon cherchait parfois du regard des visages familiers dans la foule, les rares fois où il quittait le domaine. Il a fini par totalement arrêter, faisant le deuil de sa vie précédente et tournant enfin la page.

- Il n’a pas l’habitude de boire d’alcool, et tient très mal. Généralement, il évite de boire, seulement parce que ça ne l’intéresse pas.