Âge : 30 ans
Magie : Non-mage
Résidence actuelle : Castel de Tourmaline, Topaze
Occupation : Impératrice de l’Empire
Statut marital : Veuve
Titre(s) : Impératrice de Carat, Princesse de Nacre, Dame d'Onyx
Allégeance officielle : À l’Empire. À elle-même.

Douce • Diplomate • Studieuse • Réfléchie

Secrète • Mélancolique • Influençable • S’attache très vite

1er mai 1170
Enfant désirée. Première née. Déjanire héritière d'un empire. Déjanire comme l'ancêtre. Déjanire comme la légende. La tisseuse de paix. Celle d'il y a sept-cent ans cette année-là, comme un signe à travers temps. Un poupon aux joues roses sur qui l'empire de Carat repose. La ville d’Opale est en liesse. Elle fête la vie et le cycle nouveau que symbolise la petite princesse.

1174
Après plusieurs mois d’attente, Déjanire l’entend enfin. Sa petite soeur est là. Ses cris pour s’époumoner avec elle. Déidamie des Cités-Joyaux. Si la toute jeune héritière est un peu méfiante de voir ses parents en aimer une autre tout autant, elle s’attache très rapidement à cette soeur qu’elle aimera à travers les ans. Pour elle, Déjanire se réinvente gardienne ou protectrice, dans son esprit d’enfant. Cette protection, elle la lui offrira encore et encore, malgré les mariages, le veuvage, malgré la révolution et l’exil. Sa soeur. Son sang.

1178
Ce sera une autre petite soeur, qu’elle espère, la mignonne sur qui repose la couronne. Elle est devenue une fillette curieuse et éveillée, câline et délicate d’humeur. Tournée vers le monde, en digne enfant de Nacre, sans ce besoin d’attirer sur elle l’attention. Ses précepteurs ont débuté depuis quelques années déjà son éducation et se plaisent à lui enseigner. Elle n’est pas une enfant difficile, Déjanire. Déjà consciente de la place qui sera sienne. Studieuse et appliquée ; elle préfère déjà l’harmonie à la confrontation. Mais le ventre de mère qui s’arrondit de mois en mois la distrait et sème bien des émois. Mais les choses semblent compliquées, chez les adultes qui l’entourent. Elle a huit ans lorsqu’on lui explique que sa mère ne reviendra pas. Qu’elle est partie avec sa petite soeur. Un accouchement difficile, qu’elle comprendra avec le recul. Plusieurs grossesses qui n’ont jamais été menées à terme, qu’on lui expliquera. Sa première rencontre avec la mort est liée à la maternité, elle qui pourtant est née au Nouvel été.

1181
L’Empereur est mort. Elle a vu son père dépérir si vite, Déjanire. L’âge. La vieillesse. La maladie. Elle a vu ses précepteurs multiplier les leçons, l’air grave, alors que la fin d’un règne s’annonçait. Un père grand, immense, solide et immuable. Un père auquel elle était attachée, dernier parent vivant, malgré sa froideur apparente. Elle le savait, la jeunette, combien cette image d’Empereur géant dissimulait un père aimant malgré les maladresses, présent malgré le poids des obligations. Des larmes pour son onzième anniversaire. Des sourires d’apparat comme un masque, car il lui faut déjà se poser sur le trône. Elle a onze ans. Elle devient Impératrice avant sa première saignée, guidée par des conseillers éclairés, soutenue par Hector, son oncle dévoué.

1181 - 1185
Elle a beaucoup à apprendre, la jeune Impératrice. Son éducation est à parfaire et les précepteurs se succèdent, se partageant les matières et les leçons. Déjanire s’en remet beaucoup à ses conseillers, trop jeune pour comprendre la portée de plusieurs conflits et problématiques.

1186
Studieuse, elle se montre curieuse et intéressée par l’avenir de Carat, de voir et comprendre comment ses connaissances peuvent aiguiller ses idées. Elle avoisine les seize ans lorsqu’elle se prononce enfin et prend ouvertement part au débat qui anime ses conseillers. On lui sourit tendrement. On échange des regards. On amenuise la portée de ses idées, on discrédite avec une douceur cruelle sa prise de position. On l’infantilise. L’humiliation est grande, pour l’adolescente qui cherche à s’imposer et à endosser le rôle qui l’attend, qu’on attend d’elle. L’idée chagrine se forme à son esprit, que son talent se trouve ailleurs. Dans les rencontres avec la noblesse qui se déroulent toujours si rondement. Dans les soirées, dans les cérémonies, dans les fêtes et les visites. Un minois charmant pour un caractère doux ; diplomate et posée, elle plaît à la noblesse de Carat, la jeune Déjanire. Moins à ses conseillers qui se sont habitués à gouverner.

1187
Macsen d’Onyx, de plusieurs années son aîné. Macsen d’Onyx, pourtant si charmant, si avenant. Elle dit oui, Déjanire. Elle dit oui avec plaisir. De tous les prétendants aux alliances les meilleures, c’est lui qu’elle choisit. Les fiançailles s’officialisent et le mariage est prévu pour ses dix-huit ans. Elle ignore si elle en est amoureuse, mais l’assurance et la force tranquille de son fiancé l’appellent et l’appaisent. Alors elle se confie, l’adolescente qui n’en sera bientôt plus une, sur ce qu’elle espère pour son empire, ce qu’elle souhaite pour l’avenir. Là où ses conseillers la discréditent sous les sourires et la gentillesse feinte, Macsen l’écoute et l’encourage à se faire entendre.

1188
Le mariage est grandiose. Trois journées de célébration pour souligner l’union. Les familles proches et éloignées, la noblesse et les alliés, le grand peuple et les oubliés. La ville d’Opale se drape de blanc, s’illumine de couleurs plus vives encore. Elle se fait belle, la capitale, pour son Impératrice qui sort de l'enfance. Et elle se fait belle, l’Impératrice, toute couverte de délicats filaments d’argent, de soierie immaculées aux accents vibrants. Elle se fait belle pour son prince impérial pour qui, elle se l’avoue enfin, son coeur s’emballe. Elle ne regrette pas son choix, Déjanire. Désormais femme, son oncle favoris éloigné, elle se repose beaucoup sur l’avis de son mari. Il la conseille et la conforte dans ses idées, dans sa manière de gouverner, dans sa curiosité à vouloir connaître et comprendre ses sujets et à favoriser la douceur. Si bien qu’elle en vient à tenir tête à ses conseillers en suggérant des représentants des différentes sphères du peuple au conseil. Et ça déplaît. Beaucoup. L’idée sera rejetée sans rappel.

Quelques mois plus tard, Macsen perd malencontreusement la vie. Un accident au détour d’une sortie, lui qui était pourtant un cavalier aguerri. Puis il lui semble alors que les mots sont vains, à Déjanire. Que tout est bien trop fragile. Que les rivières de larmes qu’elle déverse pourtant ne sont d’aucun soulagement. Elle se croit malade, tourmentée à l’idée que la mort de cet homme si précieux ne l’emporte elle aussi. Les guérisseurs se succèdent pour une unique conclusion sans remède. L’Impératrice attend un enfant.

La réjouissance de porter la vie se noie dans son tourment. Elle se sent froide et glacée, la jeune endeuillée, bien peu disposée à accueillir un nouveau-né. Trop fragile dans sa vie devenue mélancolie. Et son corps l’écoute. Et son corps le chasse, ce petit oisillon. La grossesse ne connaît aucune fin heureuse, seulement du sang et des regrets. Du vide. Et des larmes, encore. Cette petite chose qu’elle redoutait, Déjanire se dit que finalement, elle l’espérait. L’année s’achève et sa peine est entière. L’an mille cent quatre-vingt-huit est marqué de deux deuils supplémentaires au sein de la famille impériale.

1188 - 1196
Ils ont trouvé les mots justes, ses conseillers. Son deuil est grand et ils veilleront sur les décisions. Pour elle. Les paroles sages et creuses de son conseil l’endorment ; ils désirent son bien, ils la savent endeuillée. Elle les croit, manipulée, lorsqu’ils lui affirment qu’une Impératrice fragilisée et trop près de son peuple pourrait offusquer la noblesse comme un ultime signe de faiblesse. Les années filent, et Déjanire s’en remet principalement à préserver l’harmonie et la bonne entente auprès de la noblesse, parfaite dans ce rôle. Ses conseillers la manipulent assez facilement, désormais qu’elle est isolée, amenuisant largement le soulèvement mené par un dénommé Guillaume, en 1190, allant jusqu’à tourner en dérision ses revendications. Alors elle ne s’inquiète pas, l’Impératrice. Elle fait confiance.

Lorsqu’une manifestation éclate au coeur de la capitale, en 1193, Déjanire n’est que chagrin et surprise. Elle ne comprend pas cet excès de violence, ni son origine, ni sa finalité, et ses conseillers lui assurent une fois de plus qu’ils ont d’excellents stratagèmes pour ramener l’ordre et faire oublier l’affront. L’Impératrice est clémente et pieuse, et la reconstruction du temple saccagé sera entièrement financée.  On lui conseille l’odieux : là où des monuments à la gloire de l’Impératrice et de sa famille disparue sont dégradés, des statues nouvelles en surnombre seront érigées la même année. Le conseil favorise que l’image de bienveillance de l’Impératrice soit plus présente auprès du peuple. Déjanire accepte, mitigée et un peu méfiante, alors que l’affront est total pour les laissés pour compte. Le message est clair : la manifestation n’effraie pas.

1197-1198
Une manifestation. Une autre. Menée par ceux qui se font appeler la Trinité. Elle demande à les rencontrer, Déjanire. Elle le veut, elle le désire. Les conseillers sont formels : les soulèvements passés ont été oubliés, celui-ci aussi le sera. Rien ne sert de s’alarmer. On ne discute pas avec ceux qui ont insulté l’Empire. Si elle ignore les moyens employés pour réprimer les contrevenants, Déjanire ressent de plus en plus de méfiance pour ses conseillers. Ils chantent un refrain d’harmonie et de vagues légères, alors que le palais des ministres est pris d’assaut. Si elle ne peut plus avoir confiance en ses propres conseillers…

Alors elle ose, Déjanire. Devant la fermeture de son conseil, devant sa propre curiosité, elle implante dans le secret ses propres espions à la capitale, puis dans la Princée de Nacre. Des femmes de chambre de confiance, dans un premier temps, pour que les murmures des couloirs du palais des Astres reviennent jusqu’à elle. Une poignée de commerçants œuvrant pour la famille impériale depuis feu son père. Des alliés, qu’elle espère, l’impératrice esseulée, bien trop loin des décisions et de la réalité. L’affaire est lente à mettre en place sans attirer l’attention.

1er octobre 1199
Les gardes se bousculent à sa porte. On l’escorte. Vite. Vite. La tête vide. Vide et désespérément apeurée. Elle ne comprend pas. Elle ne réalise pas. L’ampleur des manipulations dont elle a été victime est sans limite. Comme un voile opaque devant la réalité, devant la violence de ses opposants. Déjanire s’était jurée de la protéger, sa petite soeur, sa belle Déidamie. C’est tout ce qui lui importe, alors que le palais est pris d’assaut, alors que l’éclat des armes lui parvient en écho. La protéger, elle, sa soeur. Les protéger, eux tous, la noblesse en visite, sa cour, sa suite. Ses sujets. Son peuple. Elle tremble pour elle-même, mais elle tremble pour eux aussi. Surtout. Des domestiques dans son sillage, ses pupilles, ses demoiselles de compagnie, tout ce qu’elle peut sauver, tout ce qui peut la suivre. Derrière elle, l’éclat immaculée de la capitale d’Opale. Derrière elle, le confort, l’oppulence, la sécurité. Derrière elle se dresse la Trinité.

Devant elle, un Silas armé. Un Silas préparé, avec des hommes entrainés. En quantité pour assurer une fuite sans encombre. Elle se sent allégée d'un seul poids, celui que personne de sa suite ne perdra la vie désormais. Parce qu'il est là, son meilleur ami, celui qui ne l'a jamais trahie. Il lui souffle son plan, celui de rejoindre Topaze, que son frère ainé l'attend. Elle rejoint donc la Princée de Topaze grâce à Silas. Silas… Si loyal, si dévoué. Celui sur qui elle s’était si longtemps référée, lorsqu’il était question des armées. Dans le secret des retrouvailles, au coeur du castel de Tourmaline, loin de sa suite et de ses gens, elle a pleuré devant lui, Déjanire. Longtemps. Reconnaissante de ce sauvetage bienvenue.

1200
La majorité de son conseil est tombée, lors de la prise du palais impérial. L’Impératrice s’est néanmoins relevée. Il reste un empire à gouverner, une Princée à reprendre. Les murmures venant de Nacre sont faibles mais tout de même présents, ses espions ont peur, mais elle tend l’oreille et apprend à écouter. Ils sont tenaces. Ils sont loyaux. Elle apprivoise sa vie nouvelle sur ces terres qu’elle n’a que trop peu visitées, par le passé. Topaze en terre d’accueil pour elle et tous les exilés. Des terres ayant accueilli des Argiles, aussi, il ne faut pas oublier. Elle se sent fragile, elle se sent indigne, Déjanire, maintenant qu’elle perçoit enfin la réalité et l’atrocité de la situation. Mais elle compte agir au mieux pour ne pas laisser son empire à une Trinité pétrie de violence.

Elle ignore seulement comment.