Sa majesté l’imposteure

La matinée a été mouvementée. Le réveil à l’aube, habituel. Mes exercices, routiniers. Le repas, délicieux comme à l’accoutumé. C’est après que l’horaire méthodiquement préparé hier au soir s’est volatilisé, chassé à grands coups de trompe par des imprévus prévus – si l’on peut dire qu’ils existent. J’attends toujours des nouvelles des postes militaires qui parsèment la princée, mais celles-ci arrivent avec intermittence, et il se passe parfois plusieurs jours avant que l’un des messagers arrive avec quelque chose d’importance. Il ne sert donc à rien de perdre mes journées à attendre. Le temps est précieux. Mes journées, donc, sont organisées, l’utilisation de mon temps réfléchie. Il le faut.

Aujourd’hui est l’un de ces jours où rien ne va selon les plans. J’avais prévu d’utiliser une petite heure de liberté pour passer voir Déjanire et discuter de notre voyage à venir, des détails qu’il lui faudra savoir. À peine avais-je terminé de prendre mon petit déjeuner, pourtant, qu’on m’avait annoncé l’arrivée d’un messager dépêché vraisemblablement en toute urgence. Messager qui, évidemment, avait aussitôt accaparé mon attention. Les nouvelles mettront-elles on péril l’expédition prévue ? Les pensées résonnent alors que je me dirige vers mon bureau et déjà je songe aux routes alternatives que nous pourrions devoir prendre, à défaut de pouvoir me résoudre à abandonner complètement l’idée. Il y a encore de l’espoir.

Les nouvelles sont sérieuses : des rebels ont été aperçus sur le territoire de Topaze et mes forces sont à leur poursuite. L’homme me rapporte leur description physique et la région dans laquelle ils ont été aperçus. Loin de Tourne-en-Rond, heureusement, mais tout de même inquiétant. Suffisamment pour que je sacrifie le temps qu’il me restait – sans m’arrêter pour songer à la déception qui m’habite – pour discuter des nouvelles avec Hector. Mes ordres ont déjà été donnés, et j’ai entièrement confiance en mes hommes, mais cela ne se fait pas que de quitter la capitale sans prévenir le prince mon frère de ce genre d’événements.

Avant même que je m’en sois rendu compte, les événements de la mâtinée m’avaient mené au début de l’après-midi. Un regard vers la fenêtre sur la cité qui s’étend au-delà, et un soupir m’échappe. Ces journées qui m’échappent sont toujours les plus épuisantes. Il faut encore, pourtant, m’atteler à la préparer du voyage avec les officiers qui ont été sélectionnés pour nous accompagner. La rencontre avait été planifiée et il aurait été de mauvais goût de les faire attendre alors que je n’avais pas de rendez-vous officiel avec l’impératrice…

C’est donc vers la mi-après-midi que je peux enfin m’échapper. Enfin respirer. C’est d’un pas décidé – ce serait le comble qu’on tente de m’arrêter une nouvelle fois en pensant que je déambule sans raison dans les couloirs du castel – que je me dirige vers les appartements attribués à Déjanire. Je frappe deux coups à la porte, puis j’attends. On n’entre pas sans invitation dans l’appartement d’une dame, et encore moins dans celui de l’impératrice.

On m’ouvre, et j’entre avant de m’arrêter en voyant que la dame que j’attendais n’est pas celle qui m’accueille… « Bonjour, dame de Pastel, dis-je avec un sourire en masquant ma surprise. J’ignorais que vous vous trouviez ici, comment vous portez-vous ? »

La nouvelle a choqué considérablement la demoiselle de Pastel quand elle l’a apprise : l’impératrice prévoyait une sortie avec Silas de Demain. Sans sa suite. En pleine période de tourmente. Il n’y avait pas à dire, Estelle réprouvait l’idée, la considérant plutôt dangereuse. Enfin, voyager en grand groupe aurait certainement attiré trop d’attention et le général des armées garderait en sûreté Déjanire, de cela il ne fallait pas douter, mais voilà quand même que la nouvelle déstabilisait la demoiselle de compagnie qui regrettait tout de même de pas pouvoir suivre sa souveraine là où elle irait. Les derniers mois, Estelle s’était fait un plus grand devoir de soutenir l’impératrice là où elle le pouvait. Ses moyens étaient certes limités, mais elle était emplie d’une bonne volonté et surtout de beaucoup de convictions : la victoire de la Trinité ne lui apporterait absolument rien de bon, si ce n’est de lui confisquer ses terres parce qu’une femme en Nacre n’a droit à rien. On les arracherait à son père et Pastel serait dès lors perdu pour elle à jamais. Mais si l’Empire devait vaincre… Déjanire se souviendrait certainement que sa demoiselle de compagnie a toujours été à ses côtés, prête à la servir. Elle désapprouve le voyage l’aînée des Pastel, mais elle s’incline devant les désirs de sa reine. Tout ce qu’elle peut faire en contre-partie, c’est de s’assurer qu’elle ne manque de rien pendant son voyage. Loin d’elle. Elle est amère Estelle d’être laissée en arrière, de ne pas être préférée à toutes les autres. De ne pas recevoir cette marque de confiance et d’amitié en étant invitée, pour au moins l’aider dans sa toilette et lui offrir une compagnie féminine digne de ce nom. Elle n’irait pas à prétendre vouloir chaperonner l’excursion, Déjanire avait déjà été mariée par le passé et pas Estelle, elle savait ce qu’elle faisait, mais il y avait tout de même quelque chose d’un peu inconvenant dans toute cette démarche. Elle tentait de se raisonner et de cesser d’y accorder autant d’importance, mais n’y arrivait pas. Pas vraiment. Probablement un effet secondaire de son orgueil blessé et vexé. Un tout petit peu, malgré tout.

Ce petit mécontentement ne pouvait toutefois pas l’empêcher de tomber dans les mauvaises grâces de l’impératrice en le montrant trop ouvertement et c’est elle-même qui s’est proposée pour superviser la préparation des bagages en vue de l’excursion. Dotée des instructions de sa maîtresse fort occupée ailleurs par ses devoirs multipliés par son absence prochaine, elle n’avait guère le temps de s’en charger elle-même. Armée de ses connaissances du désert et des terres du silence, Estelle s’était sentie toute désignée pour satisfaire à la tâche et pour veiller à ce que les servantes n’oublient pas le moindre effet nécessaire au confort de l’impératrice. Elle s’acquittait de sa tâche avec beaucoup de sérieux, repliant les vêtements après les domestiques quand elle ne les trouvait pas assez bien lissé, lorsque quelqu’un cogna à la porte.

Plutôt surprise, Estelle se détourna des paquets pour aller voir de qui il s’agissait et fut superbement ébahie de faire face à Silas de Demain. Elle s’inclina poliment devant l’homme, qui n’était peut-être pas à la tête de sa Princée, mais qui était tout de même fort influant : il valait certainement mieux lui plaire que plutôt avoir l’heure de le contrarier.

- Sire de Demain, salua-t-elle poliment en relevant avec élégance de sa révérence.

Ses parents avaient bien des torts, mais sur le plan de l’éducation, ils avaient fait de leurs deux filles des modèles de raffinements et de savoir-vivre. On aurait difficilement pu les prendre en tort.

- Je vous remercie, je me porte très bien. J’ose espérer que vous aussi.

Il semblait respirer la bonne santé et il valait mieux s’il aspirait à ce qu’Estelle remette entre ses mains le sort de son impératrice. S’il était souffrant, comment s’assurerait-il de la sûreté de leur souveraine? Elle préférait ne pas y penser, mais elle irait très certainement s’immiscer dans cette partie de plaisirs si elle sentait qu’il comportait le moindre danger. Le prince Hector saurait certainement comment intervenir pour éviter une pareille catastrophe. Après tout, Topaze était bien ses terres, il avait suffisamment de pouvoir pour mettre frein à toute activité interne à ses frontières. Assurément.

- Je supervise les préparatifs pour votre voyage avec Sa Majesté l’impératrice. Elle compte sur moi pour que ses bagages ne manquent de rien, sans être chargés de plus qu’il ne le faut, expliqua-t-elle, comme elle avait bien deviné l’étonnement du militaire en la trouvant dans des appartements qui n’étaient pas les siens.

Elle désigna d’un geste discret de la main tout le branle-bas de combat qui animait la chambre avant qu’il n’arrive, les domestiques s’étant arrêtés dans leurs tâches pour montrer leur respect.

- Sa Majesté ne devrait pas tarder à revenir, désirez-vous l’attendre quelques instants ici?

Une jolie révérence que j’accompagne d’un léger hochement de tête de ma part. La politesse se retourne, malgré les différences de rang. Ç’aurait été bête de froisser ce joli minois pour si peu. Je lui souris alors qu’elle répond avec un décorum parfait à ma question.

- Je me porte à merveille, je vous remercie.

J’observe la scène autour de nous, les domestiques qui s’affairent aux préparatifs inattendus du voyage, et je hoche la tête calmement. Oui, cela explique beaucoup de choses. Et cela en change d’autres. J’aurais dû m’y attendre. C’était ce genre de journée, après tout. Plutôt que de m’en attrister, pourtant, je souris de nouveau à la dame de Pastel en me tournant vers elle.

- Vous venez de me confirmer que la conversation que je comptais avoir avec Sa Majesté devrait plutôt se conduire avec vous. Je venais lui prodiguer quelques conseils sur ce qu’il faudra prévoir pour la traversée du désert afin qu’elle y soit aussi confortable que possible.

Je fais quelques pas, observe les étoffes tantôt étendues, tantôt bien pliée, prêtes à être emballées. Je ne peux pas dire que je connaisse suffisamment les vêtements féminins pour confortablement reconnaître les tenues que l’on prépare pour Déjanire alors qu’ils sont ainsi difformes. Ils ont beaucoup plus d’attrait à mes yeux lorsqu’elle les porte. Il n’y a donc plus qu’une chose à faire : vérifier auprès d’Estelle de Pastel ce qu’elle sait vraiment du désert et de ce qui est nécessaire. Il est encore temps de faire des modifications s’il le faut.

- Vous a-t-il été donné par le passé d’arpenter les dunes du désert topazien, ma dame ? Je sais que notre Majesté n’a jamais eu l’occasion de les explorer, mais en toute honnêteté j’ignore si vous les avez frôlées.

Mon regard légèrement curieux, intéressé se porte sur elle. Aurait-elle navigué au cœur de notre territoire ? Ou son expérience se limite-t-elle à Tourmaline et la cuve qu’elle borde? Il m’est toujours difficile de déterminer à quel point un étranger peut connaître ce qu’est la vie ici, au cœur des dunes sous le chaud soleil qui baigne Topaze.

Les lèvres d’Estelle tracèrent un léger o de surprise, comme elle ne s’attendait pas du tout à ce qu’un militaire se souciasse des chiffons d’une dame. Surtout quand il n’avait pas même la décence de la faire accompagner d’un chaperon. Voilà quelque chose qui choquait grandement la demoiselle de compagnie. En vérité, elle en voulait un peu à ce faux prince de lui voler son impératrice quelques temps. Quelles alliances formeraient-ils ensemble dont elle serait forcément exclue par la force des choses? Au moins, il s’intéresse au confort de Déjanire. Il ne va pas seulement la parader dans le désert. Ou peut-être la veut-il plus confortable pour qu’elle soit plus présentable. Il était douloureux de soupçonner de mauvaises intentions Silas de Demain, après tout c’était grâce à lui qu’elles avaient pu fuir Opale en sûreté, mais une bonne action ne garantissait pas de bonnes intentions. Estelle le savait bien elle-même.

- Vous a-t-il été donné par le passé d’arpenter les dunes du désert topazien, ma dame ? Je sais que notre Majesté n’a jamais eu l’occasion de les explorer, mais en toute honnêteté j’ignore si vous les avez frôlées.

Elle haussa un sourcil. Naturellement, elle n’avait pas eu cette chance et celle-ci ne se présenterait pas de sitôt puisqu’on l’avait exclue de cette petite excursion. Elle y était oui, quittant le confort de Tourmaline pour quelques sorties, mais elle ne s’était jamais aventurée bien loin : le temps ne le lui permettait pas, puisqu’elle devait se concentrer sur ses études. On n’allait pas la laisser en liberté trop longtemps et il lui faudrait bien un jour prendre époux. Au moins, il prenait le temps de lui poser la question avant d’assumer que parce qu’elle était étrangère, elle ignorait tout de Topaze.

- J’ai plus entendu parler du désert que je l’ai vu de mes propres yeux, déclara-t-elle en se penchant sur une pile de vêtements avant de faire signe à une des servantes de l’emporter. Ça n’irait pas pour les sécheresses sablonneuses, l’étoffe serait toute abîmée au bout de quelques heures et il serait déplorable de réduire inutilement la garde-robe de l’impératrice.

Elle rejeta une autre robe. Bien sûr, il fallait quelques tenues plus jolies pour leur séjour une fois à destination, mais pas trop. Cela ralentirait trop la caravane – elle espérait qu’on prévoyait au minimum un équipage suffisamment nombreux pour protéger Déjanire – et elle escomptait que sa souveraine puisse se reposer des fatigues du voyage avant de devoir repartir.

- Si cette expédition avait été préparée un peu moins à l’improviste, j’aurais pu veiller à ce qu’on prépare quelques habits d’ici pour Sa Majesté. Heureusement, nous avions déjà tâché d’en inclure quelques unes à sa collection de vêtements, mais il faudra prendre le temps de les nettoyer correctement une fois à bon port. J’espère que vous avez au moins prévu une domestique pour la servir et la libérer de ce genre de tourments.

Estelle désigna une pile de vêtements mise de côté : c’était ce que porterait l’impératrice le jour du départ. D’amples tissus qui couvriraient tout son corps et sa tête pour la préserver des durs rayons du soleil le jour et des froides brises nocturnes. Elle n’avait peut-être pas vécu le désert, mais elle s’était bien renseignée dans ses livres.

En fait, peut-être qu’elle appréciait l’intention louable de Silas, mais une part de son orgueil appréciait très peu recevoir les conseils d’un homme sur la façon de préparer des valises. Ça n’était pas leur place.

- J’ai plus entendu parler du désert que je l’ai vu de mes propres yeux.

J’offre un calme sourire à la demoiselle de Pastel, un sourire, et un humble hochement de tête en guise d’acceptation. Le contraire m’aurait étonné, en toute honnêteté. Les dunes ambrées attirent autant qu’elles rebutent les étrangers qui ne les connaissent pas. Et s’y aventurer sans guide serait fort inconscient. N’empêche, qui aurais-je été de faire une assomption à ce sujet ?

- Peut-être vous sera-t-il donné de découvrir sa beauté pendant votre séjour à Topaze, mademoiselle. Le voudriez-vous ?

Je sais que Déjanire ne compte pas amener une suite avec elle pour ce voyage. Elle l’aurait pu, nous aurions aisément pu escorter quelques demoiselles pour l’accompagner, mais Déjanire a décidé de s’en priver, et qui suis-je pour critiquer ses décisions ou pire, les contrer. Cela ne veut pas dire, pourtant, qu’une autre excursion ne pourrait être planifiée plus tard pour sa suite à la discrétion de l’impératrice. Faut-il encore, pourtant, que ses dames y trouvent un certain attrait. Le désert peut être hostile pour qui ne l’apprécie pas et ne sait pas s’y adapter.

- Si cette expédition avait été préparée un peu moins à l’improviste, j’aurais pu veiller à ce qu’on prépare quelques habits d’ici pour Sa Majesté. Heureusement, nous avions déjà tâché d’en inclure quelques unes à sa collection de vêtements, mais il faudra prendre le temps de les nettoyer correctement une fois à bon port. J’espère que vous avez au moins prévu une domestique pour la servir et la libérer de ce genre de tourments.

Une pointe d’amertume, de colère, se fait sentir dans ces paroles, cette critique ouverte. J’observe la demoiselle de Pastel un instant avant de m’approcher de la fenêtre pour observer les mouvements sur la rue. Le silence s’étire, volontairement, avant que je ne pose de nouveau mon regard sur elle. C’est d’un ton sérieux, un peu mordant peut-être, certainement princier, que je m’adresse à elle.

- Vous êtes issue d’une famille noble, demoiselle de Pastel. Certainement vous n’êtes pas étrangère aux responsabilités d’un seigneur envers ses terres et son peuple. Certainement vous n’êtes pas étrangère aux aléas de ce rôle, à la flexibilité qu’il demande. Vous ne pouvez vous permettre de l’être en servant l’impératrice. Ma suite fait face aux mêmes difficultés que vous. Ils n’ont pas eu plus de temps que vous pour préparer mes affaires. Jamais pourtant ils n’oseraient critiquer mes déplacements, aussi imprévus soient-ils.

Je laisse le silence emplir la pièce alors que j’observe les traits de la demoiselle. La réprimande est douce, certes, mais évidente. Qu’elle cesse de se bercer d’illusions sur ce voyage. Je n’ai pas attendu au dernier moment pour inviter Déjanire. La nécessité de ma présence s’est manifestée aussi tardivement que mon invitation à l’impératrice, et l’expédition militaire déjà planifiée – et dont je ne devais initialement pas faire partie – offrait une assurance de sécurité que je n’aurais su ignorer. Lentement, je soupire, puis reprend d’un ton adouci.

- Je ne suis pas sans ignorer que Sa Majesté n’a pu amener avec elle que le strict minimum lorsqu’elle est venue s’installée ici et que cette tâche peut dès lors vous paraître plus ingrate qu’elle ne l’aurait été à Opale. Sachez qu’il n’y aura ni grand bal, ni réception à Tourne-en-Rond. J’ai invité Sa Majesté afin qu’elle puisse se retirer au calme pour faire le point après les événements des derniers mois, ce qui en toute honnêteté est presque impossible à faire ici, à Tourmaline. Faites de votre mieux avec ce que vous avez et n’hésitez pas à écrire en détails ce que vous voudriez que mes tailleurs préparent pour elle afin de combler ce qui pourrait manquer.

Mon regard parcours la pièce, s’attarde un bref instant sur chacune des domestiques qui s’attarde ici. Est-il si étonnant qu’il soit difficile de faire le point alors que sans cesse l’on bourdonne autour de Déjanire ? Non, certainement pas. Cela ne veut pourtant pas dire qu’elle sera laissée à elle-même dans mon domaine, tout de même…

- J’ai déjà envoyé mot au castel de Tourne-en-Rond pour les prévenir de l’arrivée leur impératrice. Je puis vous assurer qu’elle bénéficiera de tout le confort qui revient à sa personne et à son rang, et que mes domestiques la serviront avec le plus grand des décorums. Une femme respectable lui sera également assignée pour l’aider avec ses tenues et veiller à son confort.

J’observe les tissus qui traversent la pièce entre les mains de jeunes filles qui osent à peine nous regarder. J’attends que l’un d’elle, chargée d’une nouvelle pile d’étoffes par Estelle, quitte la pièce avant de reprendre :

- Ce qui me préoccupe n’est pas son séjour, mais la traversée du désert en tant que telle. Il y a quelques inquiétudes à l’idée d’utiliser un carrosse ou tout autre véhicule pour la traversée du désert. Cela nous ralentirait, et mettrait inutilement Sa Majesté à risque. Nous voyagerons à dos de dromadaire. Il faudra donc que Sa Majesté soit vêtue d’une tenue qui permette la monte tout en la protégeant du soleil et du sable. C’est de cela dont je voulais m’entretenir avec vous, afin que nous puissions nous assurer que tout soit prêt à temps si nous devons mettre à profit les tailleurs princiers.