Silas de Demain
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Dim 25 Avr - 17:23
À la recherche d’un moment de paix Not until we are lost do we begin to understand ourselves. – Henry David Thoreau
Participants : Déjanire des Cités-Joyaux / Silas de Demain
Date : 05/02/1200
Lieu : Topaze (De Tourmaline à Tourne-en-Rond)
Résumé (optionnel) : Silas a invité Déjanire à l’accompagner lors de son prochain voyage à Tourne-en-Rond. Le but? Offrir à Déjanire un moment éloignée de sa cour. Un espace où ils pourront discuter plus librement et où il pourra, peut-être, savoir ce qui tracasse tant sa jolie dame.
Code:
[b]Titre[/b] : À la recherche d’un moment de paix
[b]Participants[/b] : Déjanire des Cités-Joyaux / Silas de Demain
[b]Date[/b] : 05/02/1200
[b]Lieu[/b] : Topaze (De Tourmaline à Tourne-en-Rond)
[b]Résumé (optionnel) [/b] : Silas a invité Déjanire à l’accompagner lors de son prochain voyage à Tourne-en-Rond. Le but? Offrir à Déjanire un moment éloignée de sa cour. Un espace où ils pourront discuter plus librement et où il pourra, peut-être, savoir ce qui tracasse tant sa jolie dame.
 

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Dim 25 Avr - 17:27
« Aldegar, la tête. Sylvestre, tu clôtures la garde. » Leur salut est net et précis, comme je les aime. D’un hochement de tête, je les congédie et mon regard se perd sur les hommes que j’ai sélectionnés pour nous accompagner. Tous de confiance. Tous fidèles. Triés sur le volet pour assurer ma sécurité, certes – les temps sont troubles et la prudence est de mise – mais également (surtout, avouons-le), celle de notre majesté Déjanire. La procession prend forme devant le castel. Il ne manque plus que notre invitée d’honneur.

Un carrosse a été préparé pour l’occasion. Il attend ses occupantes. Déjanire, bien sûr, et peut-être une ou deux dames pour lui tenir compagnie. Une pensée m’effleure, pleine d’espoir. Une pensée qui voudrait qu’elle se présente seule et réclame ma présence à ses côtés sur la route. Mais oserais-je? Laisserais-je à mes hommes seul l’honneur de l’escorter? Devoir envers elle, ou envers la vie que j’ai choisie? Une question sans réponse que je chasse bien vite pour me concentrer sur ce sur mes hommes et leurs préparatifs. Du moins j’essaie.

Mes pensées reviennent vers Déjanire. Vers cette soirée où je me suis présentée à elle. J’ai pu voir les tensions qui l’habitent, la fatigue qu’elles entraînent. J’ai pu voir le poids du fardeau sur ses épaules, même si elle n’en révèle jamais l’entièreté. Alors j’ai fait ce que mon cœur me dictait de faire. Je lui ai pris la main avec douceur et, légèrement penché vers elle afin que personne n’entende : « Ma dame, voudriez-vous visiter Tourne-en-Rond avec moi ? Quelques jours d’évasion vous permettront peut-être de trouver la voie que vous désirez emprunter. » Puis, un peu plus tard, « J’ai quelques affaires à y mener moi-même, je comptais partir au matin dans trois jours. Cela vous conviendrait-il? »

L’offre l’a surprise, mais réjouie, je crois. Elle n’a guère pris de temps avant d’accepter de m’accompagner. Ou allais-je plutôt l’accompagner? Dans les deux cas, le voyage ne sera que plus agréable encore. Un sentiment que je m’efforce de ne pas montrer. Pas en son entièreté, du moins. Ce serait mal venu de me réjouir plus que de mesure de sa venue, surtout pour les raisons qui font palpiter mon cœur.

Pour masquer mon impatience – celle de pouvoir poser les yeux sur elle, de la voir sourire, rire peut-être même – je m’attarde un moment à ajuster mon uniforme qui était pourtant déjà impeccable. J’y veille. La discipline est primordiale. Je ne lève la tête que lorsque le soudain silence de mes hommes m’indique qu’elle est là, et je souris en m’approchant pour lui offrir mon bras. « Bonjour, ma dame. Nous sommes prêts à vous accompagner. Permettez que je vous escorte jusqu’à votre carrosse? » Je veillerai à ce qu’elle soit confortablement installée – avec ses dames si elle est accompagnée. Il ne faudra guère de temps après son arrivée pour que nous nous mettions en route vers Tourne-en-Rond.
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Lun 26 Avr - 18:53

À la recherche d'un moment de paix


avec @Silas de Demain



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Deux semaines. Deux semaines, déjà, que la fête des disparus avait eu lieu. Deux semaines où Déjanire était habitée par cette étrange langueur, cette rêverie l’emmenant un peu ailleurs. La mélancolie en plein coeur. Deux semaines, une poignée de jours à peine, où l’Impératrice avait dû célébrer cette fête loin des terres de Nacre pour la première fois. Loin des lieux où sa famille entière reposait sous terre. Où Macsen avait été enterré. Ses terres. Sa princée, oubliée, délaissée. Les rumeurs de ses espions lui étaient parvenues, que là-bas les mausolées n’avaient pas été endommagés. La Trinité, malgré sa sauvagerie, ne s’en était pas encore pris aux morts. À ceux qui avaient été. À Janvier lui-même. Un soulagement, un réconfort, pour Déjanire. Au bras de sa soeur, elle avait laissé ses sujets se recueillir sur les terres sacrées du dernier repos en s’arrêtant seulement sur les tombeaux des princes et princesses de jadis. Ceux inscrits à tout jamais dans l’Histoire de Carat. Aucun mot, entre les soeurs des Cités-Joyaux. Elles se comprenaient sans même se parler. Et la cadette comprenait son aînée et son coeur chaviré pour sa suite déracinée. Comment ne pas être habitée par cette langueur, quand tous ceux qui l’avaient suivie jusqu’ici se retrouvaient loin de leurs proches pour cette célébration des disparus?

Deux semaines, pour que son coeur s’allège un peu, à peine. Et Silas l’avait approchée au coeur d’une soirée de festivités où son sourire fragile se faisait remarquer. À ses yeux, du moins. À ses yeux sombres qu’elle n’avait jamais su berner. Ses secrets et ses silences en piètre bouclier, face à cette étrange amitié. Silas l’ami. Silas le conseiller. Sa main pâle captive de la sienne, semblable à un oiseau fragile, et il s’inclinait vers elle pour lui murmurer cette invitation. Celle de l’accompagner à son comté, à Tourne-en-Rond, pour quelques jours d’évasion. Pour retrouver la voie qu’elle désirait emprunter. Et il se réinventait archer, à la toucher si parfaitement. Et il se réinventait devin, à comprendre combien son chemin lui semblait sombre et tortueux. Une Impératrice sans conseiller. Une Impératrice bien esseulée. Mais pourtant.. Pourtant, l’envie de rire, de vivre, devant tant de bonté, face à tant de gentillesse. Me permettez-vous d’y songer avant d’accepter…? Le temps d’une danse, tout au plus, si vous me l’accordez. Il lui avait souri, lui aussi, sans doute parce qu’il se doutait que derrière cette mascarade d’hésitation, c’était un oui qu’elle lui offrait.

Trois jours pour arpenter la bibliothèque du castel de Tourmaline en compagnie d’Estelle de Pastel. La toute belle en connaissait beaucoup sur la Princée de Topaze, bien plus que ce que les volumes poussiéreux pouvaient lui accorder en renseignements. Des informations utiles et pratiques, sur certaines coutumes que la théorie n’expliquait pas entièrement, sur certaines astuces que les femmes du désert utilisaient comme un héritage ancestral. J’aimerais le surprendre, Estelle.. J’aimerais tout connaître de ce comté si loin dans les dunes..! L’emplacement approximatif, déniché sur l’une des cartes. Un regard échangé, entre elles : c’était loin. Vraiment loin. L’architecture. La dernière annexe du châtelet du désert datait d’une génération déjà. Mais ce nom… Pourquoi Tourne-en-rond? Un silence de connivence, entre les deux curieuses et les manuels. Un nom sans explication. C’est une Déjanire un peu curieuse, un peu plus légère, qui avait quitté les rayonnages pour ses quartiers. Il y avait beaucoup à préparer, avant son départ précipité. Une folie, selon ses conseillers. Un peu de repos et d’amusement, selon la jolie Estelle si dévouée.

Des derniers mots échangés. Des dernières recommandations données. Et elle se présentait enfin, Déjanire, entourée de quelques-unes de ses suivantes. Pour des aurevoirs et des prières pour le voyage. Un regard posé sur lui, perdu sur son uniforme impeccable, sur son air si grave, si sérieux. Puis son sourire fleurissait à en creuser des fossettes. Un sourire comme pour lui dire qu’elle était ravie du voyage à venir. Un sourire comme un remerciement pour l’instant qu’il lui volait. Un sourire, aussi, parce que la plus jeune des suivantes s’était mise à pleurer. De joie ou de peine, l’affaire n’était pas claire, mais les larmes avaient semé un peu d’émois au sein de la petite délégation d’adieu. C’est que les demoiselles de Nacre avaient perdu énormément, depuis leur fuite précipitée.

- Je reviendrais si vite que tu auras déjà pris l’accent local...

Des gloussements. Elles lui souhaitaient bon voyage, accompagnant leurs voeux de courbettes gracieuses et adorables. Aurait-elle pu rêver d’une suite plus agréable…? Et de tout ce groupuscule rassemblé, et de toutes ces demoiselles pour l’accompagner, Déjanire avançait seule. Un châle délicatement brodé sur ses épaules, comme le voulait la coutume, pour dissimuler sa peau diaphane du soleil cruel. Des soieries amples d’un rouge vif cintrées seulement à la taille pour lui assurer un voyage confortable. Ses grands yeux cerclés de noir, comme il était coutume ici. Il l’attendait, imperturbable Silas, le bras légèrement levé pour accueillir sa main au passage.

- Bonjour, ma dame. Nous sommes prêts à vous accompagner. Permettez que je vous escorte jusqu’à votre carrosse?

Un hochement léger de la tête, en guise de réponse. Un mouvement empreint de douceur. Elle soulevait les pans de sa tunique de sa main libre afin de rejoindre le carrosse sans encombre, soutenue par l’attention délicate de son ami. Une hésitation, entre eux. Comme un flottement. Désormais qu’elle reposait sur la banquette rembourrée, désormais que la main de Silas retenait la portière pour la fermer.

- Mon ami me manque, Silas… Auriez-vous la délicatesse de m’accompagner..?

Elle lui avait offert un demi-sourire, un peu fautif, un peu amusé, en patientant la seule réponse qui s’imposait. Et l’homme de Topaze, si grand, se pliait pour se poser devant elle. La chaleur emprisonnée dans le petit espace lui fit se délester de son châle, jusqu’à dévoiler la rondeur de ses épaules si pâle. Quatre mois que Topaze l’avait accueillie, et la jeune Impératrice avait réussi à se jouer du soleil et se préserver de ses rayons. Et précisément, après avoir salué une parcelle de sa suite, Déjanire tirait un tantinet le voilage pour se protéger encore. Toujours. Ou pour un peu d’intimité, alors que le carrosse défilait la large avenue menant aux sortances de Tourmaline.

- Avez-vous prévu quelques montures pour l’avancée dans les sables, Silas? …L’oasis de Tourne-en-rond semble si loin de Tourmaline. J’ignorais qu’il s’agissait de la troisième plus grande du désert.

Au coeur de ses paroles, un éclat d’appréhension. Elle ne montait plus vraiment, Déjanire, ou si peu. La crainte au fond de son ventre, depuis… Depuis qu’il l’avait quittée. Depuis le départ précipité de Macsen. Depuis l’accident d’un cavalier émérite. Une terreur d’enfant, car elle en était une, même à dix-huit ans. Une terreur pour la hanter encore. Mais il lui semblait qu’avec lui, qu’avec Silas à ses côtés, elle serait plus forte. Plus assurée. De la force, il en avait assez pour l’épauler et la soutenir, elle aussi. Alors elle prit une pause, quelques secondes tout juste, avant de reprendre, adoucie, le sourire aux lèvres, celui-là même que l’on devait réserver aux confidences.

- Vous m’avez devinée si justement. J’avais besoin de ce moment… Merci.



Dernière édition par Déjanire des Cités-Joyaux le Dim 11 Juil - 17:15, édité 5 fois
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Lun 3 Mai - 2:56
Les émois des jeunes dames menacent de me tirer un sourire alors que je m’approche, mais je n’en montre rien alors que je sens la main de l’impératrice se poser avec grâce sur mon bras. Sans doute nourrirais-je les mêmes doutes, les mêmes craintes si elle devait quitter Tourmaline sans moi. Il est difficile, délicat, de faire confiance à présent. Je comprends, même si jamais je ne l’énoncerais aussi publiquement. Mais en l’occurrence, c’est moi qui la ravis, une nouvelle fois. Une nouvelle fois de son plein gré. Aujourd’hui, heureusement, nous ne fuyons aucune menace, si ce n’est les soucis qui plissent ses traits depuis quelques semaines, peut-être.

- Mon ami me manque, Silas… Auriez-vous la délicatesse de m’accompagner..?

Cette demande, espérée d’une espérance murée dans son silence… Pris au dépourvu, je laisse le silence s’étirer une seconde, deux peut-être, plus qu’il n’aurait réellement convenu de le faire. Mais je souris, en hochant la tête, avant de reculer d’un demi pas pourtant, plutôt que de monter derrière elle. D’un geste, je la prie de patienter, un moment seulement. « Je vais m’assurer que tout soit prêt pour notre départ, votre majesté, puis je serai honoré de vous rejoindre. » Je m’éloigne alors et, en quelques paroles échangées avec l’efficacité militaire que j’apprécie tant, réorganise l’escorte. Ma monture est guidée vers les autres qui accompagnent le cortège sans cavalier par un palefrenier tandis que je rejoins en quelques pas le carrosse dans lequel je monte aisément, m’installant en face de Déjanire alors que la porte est refermée derrière moi, que le cortège doucement se met en branle et que les premiers bâtiments de la cité se laissent apercevoir à travers les voiles des fenêtres.

- Avez-vous prévu quelques montures pour l’avancée dans les sables, Silas? …L’oasis de Tourne-en-rond semble si loin de Tourmaline. J’ignorais qu’il s’agissait de la troisième plus grande du désert.

Je pose sur elle un regard amicalement tendre, un regard qui ne manque de remarquer son inconfort. Et je lui souris, un sourire qui se veut réconfortant, une présence, une… simplement qui est là. Et d’une voix calme, je lui réponds :

- Oui, mais pas de chevaux comme vous avez pu en connaître en Nacre. Ils résisteraient mal aux conditions du désert. Avez-vous déjà eu l’occasion de voir des dromadaires de près? Ce sont des bêtes natives de Topaze. Elles nous conduiront avec davantage d’aisance jusqu’à notre destination que l’utilisation d’un carrosse qui risquerait de s’enliser dans les dunes. Mais n’ayez crainte : j’ai choisi des montures de confiance et vous serez bien entourée.

Suffirait-ce pour calmer les inquiétudes aperçues dans son regard chagrin? J’ai choisi mes hommes avec soin, j’ai entièrement confiance en notre escorte et rien ne peut lui arriver. Ça, j’en ai entièrement confiance. Mais elle… y croira-t-elle? À moins que… Non, cela doit être ce qui l’inquiète. Je ne peux m’imaginer autre raison… Avec d’autres, cette inquiétude aurait eu un effet dérangeant, mais Déjanire a vécu tellement, ces derniers temps. Tellement de hauts, de bas. Tellement de peurs, de chagrins, de pertes, et ce n’est pas parce qu’elle s’est vite éprise de nos châles colorés qu’elle se sent chez elle…

- Vous m’avez devinée si justement. J’avais besoin de ce moment… Merci.

J’incline la tête à ses remerciements, les acceptant avec humilité sans pour autant m’en réjouir. J’aurais préféré qu’ils ne soient pas nécessaires. Que nous n’en soyons pas arrivés à cela. Mais nous voilà ici, dans ce carrosse, à défiler dans les rues de Tourmaline, loin, si loin de tout ce qui composait sa vie jusqu’à il y a quelques mois à peine. Et pourtant tout, tout est toujours pareil. Le fardeau ne quitte pas une impératrice simplement parce qu’on la chasse de sa demeure, bien au contraire.

- Vous n’êtes plus vous-même depuis votre départ précipité d’Opale. Vous avez toujours été discrète, mais vous vous effacez davantage que vous n’en aviez l’habitude, surtout ces dernières semaines. Je ne suis pas sans connaître les obligations qui vous grugent, qui vous hantent. J’espère, sincèrement et de tout cœur, qu’un peu de temps loin de la cour vous permettra de vous retrouver, car je ne cacherai pas que votre mutisme renouvelé m’inquiète.

Mon regard l’observe attentivement, avec douceur, alors que j’énonce clairement ce que jamais je n’aurais exprimé, même à mi-voix, alors que d’autres nous entouraient il y a trois jours à peine. Je m’inquiète pour elle. Pour sa personne, d’abord, toujours. Jamais je ne cesserai de m’inquiéter pour la femme qui se trouve devant moi… Mais pour son règne, aussi. Pour l’autorité qui trop aisément lui échappe alors même que son empire se fissure.

- Le voyage ne sera pas des plus confortables que vous ayez faits, mais je puis vous assurer que notre destination finale vaudra les courbatures que le trajet vous aura données. Le désert est humble d’apparence, mais ce qu’il n’offre pas en paysages colorés, il l’offre en réflexion, en méditation. Et ma demeure de Tourne-en-Rond saura vous charmer, je n’en ai aucun doute.
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Dim 16 Mai - 23:38

À la recherche d'un moment de paix


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Même le cahotement léger du carrosse sur les rues pavées de la cité de Tourmaline ne parvenait pas à distraire Déjanire des paroles de son ami. La main tout juste posée sur les cordons tressés pour se défendre des secousses, elle laissait Silas lui raconter combien plus simple il sera de monter les dromadaires. Des montures de confiance. Des hommes pour l’entourer. Mais elle ne savait pas, Déjanire. Elle ne savait plus. La peur là, juste sous sa poitrine, pour lui rappeler combien elle avait souffert à dix-huit ans à peine. C’était une autre époque, un autre monde… Carat a pleuré son prince. Il semblait si confiant, Silas, si sûr de lui, si solide… Si assuré qu’elle avait cette envie sincère et profonde de le croire, lorsqu’il lui disait qu’elle n’avait nulle crainte à avoir. Mais une arche, tout de même… De la magie avant toute chose, un adage pour le peuple de Carat. Elle oubliait parfois, Déjanire, combien la magie était plus rare ici, en Topaze, comme si la chaleur et le soleil brûlant refrénait cette étincelle de se développer chez les enfants des dunes.

Une diversion, pour camoufler son trouble. Pour dévier de sa peur de la promenade à venir. Des remerciements lancés avec politesse. Il la devinait si bien, Silas. Il la devinait par coeur.

- Vous n’êtes plus vous-même depuis votre départ précipité d’Opale. Vous avez toujours été discrète, mais...

La chaleur était étouffante, à l’intérieur du carrosse, pour l’Impératrice si peu habituée à Topaze. Mais il lui semblait pourtant qu’un frisson glacé la prenait, la gagnait, la matait. Il lui parlait de son mutisme, de sa discrétion et d’inquiétude à son sujet. Elle n’entendait que ses tares, ses faiblesses, ce qu’elle avait cru secret. Il la devinait trop bien, Silas. Il la devinait jusque dans ses peurs. Si brave, pour étaler le tout devant elle. Si brave, à ne pas craindre de la blesser, de la heurter. ...Et son mutisme, de se prolonger un peu, encore. Parce que les mots manquaient. Parce que son verbe fuyait. La vérité est que je suis perdue, Silas. Et aucun guide n’aurait pu l’aider. Pas même lui et son regard acéré.

- Le voyage ne sera pas des plus confortables que vous ayez fait, mais je puis vous assurer que notre destination finale vaudra les courbatures que le trajet vous aura données.

Il continuait, vantant les dunes chatoyantes et son humilité apparentes, les paysages colorés et les méditations insoupçonnées, et elle acquiesçait alors, la jeune Impératrice, ne pouvant que l’encourager à parler, à chasser l’ombre triste qu’elle se sentait trop souvent être. Qu’elle était devenue. Tourne-en-rond… Une oasis qui lui vendait du rêve, des nuits douces et fraîches. Une oasis vivante et colorée, cachée comme un joyau au cœur de ce désert inhospitalier. Un refuge à l’image de son propriétaire, pour Déjanire. Tant de gentillesse et de bienveillance dissimulées sous ses airs un peu abrupts.

- Tout de Tourne-en-Rond est un mystère pour moi. Jusqu’à ce nom… Pourquoi votre comté porte ce sobriquet, Silas? Nous avons notre théorie, Déidamie et moi. Elle affirme qu’il s’agirait de la forme de l’oasis, un rond parfait, entre les dunes étincelantes. Je crois plutôt que l’endroit est si joliment caché, si jalousement gardé, que les malfrats tournent en rond plutôt que de le retrouver.

Son sourire lui revenait, tandis qu’elle s’imaginait les murs épais tapissés de banderoles vives en son honneur, bien loin du schéma habituel des hameaux et villes des terres du Silence. Une oasis immense où les dromadaires et des oiseaux exotiques venaient s’abreuver, à l’instar de ses habitants. Le rire des enfants. Le tumulte d’un marché bigarré. Son sourire ne savait la quitter, tandis que le carrosse s’immobilisait enfin aux limites de la ville. La porte s’ouvrait et Silas s’empressa de sortir, énergique, pour l’aider à descendre à son tour. Le châle à nouveau posé sur ses épaules, noué, même, pour la randonnée à venir.

Et soudain, elle comprenait, Déjanire. Elle comprenait le sarouel ample que ses domestiques lui avait fait porter sous sa tenue écarlate - une femme en pantalon, une hérésie! Mais elle n’était plus au coeur de sa princée, l’Impératrice malmenée. D’autres contrées. D’autres moeurs. Et les dromadaires immenses et sages, couchés au sol, promettaient une installation délicate. ...Quelle étrange créature, tout de même, qu’elle se disait, Déjanire, en approchant l’un d’eux. Paisible. Bien plus que les chevaux d’Onyx. Bien plus que les montures fougueuses d’Opale. Une pensée chassée pour Macsen, tandis qu’on l’aidait enfin à grimper puis à s’installer. Les nombreux bagages suivraient parmi la délégation, de ce qu’elle comprenait. Ils seraient nombreux à la suivre, à l’entourer, à la protéger. Silas y avait veillé.

- Je désire une avancée calme et paisible, veuillez en aviser le guide.

Des précautions, de la prudence. Le souvenir d’une chute fatale en ultime repère. Elle laissait le soin au palefrenier - les appelait-on toujours ainsi, lorsque la monture avait l’élégance d’un mouton et la stature d’un cheval cabossé..? - d’en aviser le meneur, non loin, les sourcils toujours froncés par la méfiance et l’appréhension. L’animal se déployait et… Et elle ne détestait pas particulièrement la souplesse dont il faisait preuve, légèrement ballottée sur son coussin étrangement confortable. Il ne fallut pas long aux hommes de se s’organiser et de se mettre en branle, et Déjanire y voyait là quelque chose de rassurant. Ils avaient l’habitude de ces déploiements et de ces expéditions au milieu du désert. Et Silas est là… Et  Silas était là, immuable, à ses côtés, tandis que l’imposante ville de Tourmaline s’effaçait derrière eux. Il retenait parfois ses rênes, s’approchant tout près d’elle, sans doute plus pour rassurer sa souveraine que pour réellement dominer l’immense monture qui avançait d’un pas régulier et calme dans les sables dorés.

- Je croyais que cette excursion m’aurait effrayée… J’ignore seulement s’il s’agit de votre choix pour ces montures, ou de votre présence à mes côtés.

Elle avait cherché à lui parler doucement, Déjanire. Que leurs propos ne soient entendus qu’eux deux. Discrète ou secrète. Elle offrait un regard bref sur les hommes, nombreux, les entourant, avant de rapatrier son attention sur lui. Son air fermé. Soucieux, peut-être, mais qu’elle plaisait à croire songeur.

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Dim 23 Mai - 19:34
Je la vois encaisser mes paroles, muette toujours, hésitante. Mon regard reste posé sur elle, et j’espère qu’elle saura y voir que ce commentaire, de ma part, ne se veut pas un jugement sur qui elle est, mais une véritable inquiétude. En d’autres occasions, en d’autres compagnie, le silence qui accueille cette vérité aurait pu m’irriter. Mais ici, dans ce carrosse couvert en compagnie de Déjanire, je l’accueille, je l’accepte. Nous avons du temps devant nous. Et pour l’encourager, pour lui montrer que je la supporte malgré ce silence, je lui parle du voyage et de ses qualités méditatives. Peut-être est-ce de cela qu’elle a besoin. D’un temps en silence, loin des pressions de la cour. En tout cas, cela vaut la peine d’essayer.

Mais la voilà, cette jolie voix, qui s’élève une nouvelle fois au-delà des bruits de la cité. Tourne-en-Rond. Son nom. Une question à laquelle j’aurais dû m’attendre, mais qui me prend par surprise et me titre un rire léger teinté d’amusement non feint. Topaze et les noms. Que cette tradition doit lui sembler étrange !

- Peut-être avez-vous toutes les deux raisons. Ou peut-être est-ce signe de ce que l’on peut y faire si l’on ne sait pas où regarder, réponds-je d’un ton léger teinté d’une espièglerie toute amicale.

Je lui souris avant de jeter un coup d’œil derrière le rideau pour évaluer notre progrès sur les rues de la cité.

- À l’origine, reprends-je enfin plus sérieusement, je crois que l’oasis et son établissement ont été ainsi renommés parce qu’une saison les tempêtes ont été si fortes, ont déplacé les dunes de façon si prononcée qu’il a été difficile de retrouver l’oasis, en effet. Même si j’avoue volontiers que mes hommes s’amusent à conserver ce nom parce qu’ils ont peu à y faire, comparé à d’autres postes.

Il sourit légèrement.

- C’est un endroit naturellement protégé par le désert. Il y a toujours à y faire si on le veut bien, mais les hommes d’armes sont fébriles, et un poste aussi calme ne leur convient pas toujours.

Nous laisserons d’ailleurs une partie de notre escorte là-bas, et feront un échange avec ceux postés à Tourne-en-Rond. C’est qu’il faut garder le moral haut, et éviter de les laisser s’ennuyer trop longtemps dans une ville trop calme. Certains ne manquent pas de percevoir l’honneur de protéger Tourne-en-Rond, mais ça n’est pas Tourmaline, ou un poste frontalier. Je ne peux guère leur en vouloir de préférer être un peu plus près de l’action…

Nous arrivons enfin en bordure de la ville et je ne me fais pas prier pour descendre en premier afin de prêter mon bras à Déjanire et l’aider à sortir à son tour du carrosse étouffant. Je lui indique comment monter, l’aide à s’installer, avant de prendre ma place à ses côtés dans le cortège.

- Je désire une avancée calme et paisible, veuillez en aviser le guide.

Je souris légèrement à cette demande, cet ordre. Même ici, dans cet environnement si peu connu, sans doute aux allures si hostiles, Déjanire reste elle-même, tranquille impératrice.

- Ce sera fait, votre majesté.

Et d’un hochement de tête, j’envoie un jeune homme relayer les ordres au guide et à ses éclaireurs. Le message les rejoindra juste comme ils s’apprêtent à se mettre en route, que le cortège s’ébranle à leur suite. Doucement, nous laissons le brouhaha de Tourmaline derrière nous pour n’être entourés que des bruits du désert ponctués ici et là des nôtres, reine, hommes et montures. Je ne parle pas, aisément heureux à l’idée de contempler mes propres pensées alors que le calme s’installe. Je reste près de Déjanire pour la rassurer, pour la protéger. Parce que j’en ai envie, aussi, tout simplement. Et nous avançons au rythme du doux bercement de nos montures sur les dunes topaziennes.

C’est une douce mélodie qui me sort de mes pensées, celle de la jolie voix de Déjanire qui s’élève à peine plus haut que le cliquetis des brides.

- Je croyais que cette excursion m’aurait effrayée… J’ignore seulement s’il s’agit de votre choix pour ces montures, ou de votre présence à mes côtés.

Mon regard s’est posé sur elle dès les premiers mots, et je la voix observer les hommes qui nous entourent, peut-être afin de s’assurer qu’ils ne puissent l’entendre, avant que nos regards se croisent. Et je lui offre un sourire – décidemment c’est une habitude qu’elle me fait prendre – avant de balayer des yeux les étendues sablonneuses qui s’étendent devant nous afin qu’elle ne voie pas à quel point ce compliment me réchauffe le cœur.

- Peut-être est-ce un peu des deux, votre Majesté? Quoi qu’il en soit, vous me voyez heureux de savoir que vous vous sentez en confiance. Il m’aurait peiné que la crainte vous habite tout au long du voyage. Vous vous acclimatez plus rapidement que je ne l’aurais cru. Vous êtes admirable, plus que vos gens ne veulent l’accepter…

Je soupire légèrement, alors que certains visages me viennent en tête. Tantôt un conseiller, tantôt simplement un noble. Mais tous semblent douter des capacités de l’impératrice. J’ai presque honte de songer que j’aurais pu faire partie de leurs rangs s’il ne m’avait pas été donné de côtoyer Déjanire de façon un peu plus intime. Si je n’avais pas eu l’ouverture d’esprit d’observer son conseil, de voir dans les regards plus d’ambition qu’il n’est bon d’avoir chez un conseiller… Mais qu’avais-je pu y faire si ça n’avait été de soutenir Déjanire aussi publiquement que possible ? Rien. J’avais bien entretenu l’idée, pendant un temps, de nous débarrasser subtilement de quelques-uns des pires cas dans notre fuite d’Opale, mais Janvier y avait lui-même veillé et le moral de la petite troupe était suffisamment décimé pour me convaincre d’éviter de prendre de plus grandes actions. Ne me restait donc que mes actions propres, comme celles-ci, pour montrer à Déjanire qu’elle n’est pas seule, que Topaze se range derrière elle pour la soutenir. Que je suis là pour elle.

- Il me peine de constater qu’ils ne voient pas celle que vous êtes devenue. Vous avez tellement à offrir…
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Mar 25 Mai - 15:55

À la recherche d'un moment de paix


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L’oasis de Tourne-en-Rond la faisait rêver, tout au long du trajet. Les paroles de Silas l’avaient bercée, bien plus que les foulées chaloupées des dromadaires dans leur avancée dans les sables chauds. Des tempêtes de sable. Des vents violents. Des dunes entières mouvantes au gré des éléments. Humbles étaient les enfants de Topaze, qu’elle se disait, l’Impératrice, en voyant le grand homme qu’était Silas de Demain se plier à la majesté du désert avec enthousiasme et quelques nuances d’humour. Avec résilience. Sous ses sourires légers, une tempête d’espièglerie bien trop sagement contenue, qu’elle devinait, qu’elle pressentait. Et lorsqu’il lui parlait des hommes d’armes qui se moquaient de son oasis avec ce même sourire, elle n’y voyait qu’un homme bon. Profondément et indubitablement bon. Ainsi que le calme salvateur d’un endroit dissimulé entre les dunes, au cœur d’un désert mordoré. C’était tout ce qu’il lui fallait, en ce moment. Tout ce qu’elle espérait.

Elle n’était pas certaine qu’il l’ait entendue lorsqu’elle lui avait murmuré sa confidence, sa question qui n’en était pas réellement une. Mais son regard avait cherché le sien pour s’y poser. Pour l’inviter à continuer, à persévérer, à aller au bout de sa pensée. Et elle se demandait, la souveraine, si son ami devinait combien il lui coûtait de s’ouvrir ainsi..? Après toutes ces années, sans doute parvenait-il à la deviner mieux qu’un autre. Sans doute comprenait-il que parvenir à lui faire délier les nœuds de ses secrets étaient une marque de confiance. Surtout ici, au milieu du désert, entourée d’inconnus. Mais elle avait confiance. Tellement confiance en lui, en ses capacités, en son amitié.

- Peut-être est-ce un peu des deux, votre Majesté? Quoi qu’il en soit, vous me voyez heureux de savoir que vous vous sentez en confiance. Il m’aurait peiné que la crainte vous habite tout au long du voyage.

De quelques hochements de tête, elle ponctuait ses paroles pour abonder en son sens. Un mouvement léger pour ajuster son châle qui couvrait si chastement ses cheveux. Le soleil était fort… Si fort, qu’elle se sentait rougir sous les mots qui suivaient. Elle s’acclimatait plus rapidement qu’il ne l’aurait cru. Admirable femme. Plus que ce que ses gens pouvaient l’accepter. C’était elle, cette fois, qui détournait son regard pour suivre l’horizon lointain du bout des yeux. Des lueurs chatoyantes, dansantes. Comme si le soleil en embrassant les dunes transformait le sable en or.

- Il me peine de constater qu’il ne voient pas celle que vous êtes devenue. Vous avez tellement à offrir…

Un pincement, à son cœur. Comme un coup, entre l’amer et le doux. Elle savait, Déjanire, combien ses conseillers l’avaient éloigné de ce conseil qu’elle avait néanmoins dû présider si longtemps. Elle se rappelait l’humiliation. Les sourires échangés. Ce sentiment de ne jamais être à sa place, là, auprès d’eux, auprès de tous ces hommes qui la regardaient de haut. Qui proposaient toujours mieux qu’elle. Qui lui rappelaient constamment qu’elle ne réfléchissait pas à tous les éléments. Comme il me serait doux de vous croire, Silas… Elle hésitait, osant une œillade en sa direction… Comme pour s’assurer qu’aucune taquinerie ne puisse marquer son visage d’ordinaire si sérieux. Mais il ne se moquait pas, comme elle se doutait. Sa confiance en ses capacités était un baume, après autant d'années à se tapir dans l’ombre de ses conseillers.

C’était elle, cette fois, qui lui tendait les rênes de sa monture. Et sans la moindre protestation, sans la moindre inquiétude, l’immense dromadaire qui la supportait se rapprochait de Silas en quelques foulées, suivant docilement là où on lui intimait d’aller.

- Vos paroles sont bienveillantes, à votre image, Silas. Mais… Je doute que ce soit suffisant. Qu’est-ce qu’une souveraine admirable devant le mécontentement de son peuple? Devant la Trinité? C’est trop peu, trop tard, mon ami.

L’impression d’avoir un coup de retard sur ses ennemis qui avaient fait couler tellement de sang, dans les rues immaculées de sa capitale. Désormais, elle était seule. Seule dans son conseil. Seule avec sa suite, exilés sur les terres du Silence. Seule avec ses doutes. Et elle n’avait jamais appris à régner comme elle le souhaitait, Déjanire, toujours rabrouée, toujours diminuée, toujours ignorée. Maintenant que la parole lui revenait, elle n’avait qu’un silence à offrir.

- J’aimerais vous parler du conseil, Silas… Mais pas ici, pas entourée d’autant de gens. À notre arrivée, pourriez-vous aménager un instant de détente pour que nous puissions discuter au calme?

Malgré son regard aux nuances chagrines, son sourire parvenait à creuser ses fameuses fossettes, sur ses joues pâles. Il n’y aurait sans doute qu’avec lui qu’elle se risquerait à se confier plus encore sur les doutes qui l’assaillaient, sur ses envies pour Carat, sur ses décisions prochaines. Ils n’étaient plus qu’une poignée à présider à ses côtés, si peu nombreux, mais il lui semblait pourtant que leurs avis comptaient plus qu’avant. Même si cette petite voix se faisait insistante, à son esprit. De se méfier, d’apprendre de Topaze en élargissant les options, les idées.

- Peut-être pourrions-nous presser légèrement la cadence…?

Elle avait tendu le cou pour le lui murmurer, le regard brillant de son audace. En confiance, oui, elle l’était. Si bien que ses craintes s’amenuisaient en la présence de son ami, de son sauveur.

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Mer 26 Mai - 16:22
- Vos paroles sont bienveillantes, à votre image, Silas. Mais… Je doute que ce soit suffisant. Qu’est-ce qu’une souveraine admirable devant le mécontentement de son peuple? Devant la Trinité? C’est trop peu, trop tard, mon ami.

Un sourire flotte sur mes lèvres, non pas amusé, mais emplit d’une calme confiance. En elle. En nous deux, en nous tous, même, peut-être.

- Ou peut-être est-ce juste à point, Votre Majesté. Peut-être sommes-nous exactement là où nous devons être.

Je pourrais meubler le silence de paroles réconfortantes, lui rappeler que nous, simples mortels, ne connaissons pas la volonté des dieux. Que peut-être nous pouvons encore parvenir à retourner la situation. Qu’il y a, y aura toujours de l’espoir. Mais ces paroles seraient vides de sens face à la tristesse que je sens en elle. Celle que j’ai entrevue plusieurs fois, trop de fois… Et ma voix s’éteint avec autant de douceur qu’elle s’est élevée.

- J’aimerais vous parler du conseil, Silas… Mais pas ici, pas entourée d’autant de gens. À notre arrivée, pourriez-vous aménager un instant de détente pour que nous puissions discuter au calme?

- Cela me fera plaisir, Votre Majesté.

Et le silence de retomber un moment. Un chaud silence ambré, tout aussi riche en échange que les paroles partagées un instant plus tôt. Car il y a cette promesse, ce début de confidence, ce début d’ouverture. Car il y a l’acceptation de sa réserve, et la promesse en retour d’une écoute complète. Et entre les deux, tous ces non-dits, ces paroles tues, ces idées qui prennent forme, qui patientent le moment, l’endroit propices. Pas ici, mais plus tard.

- Peut-être pourrions-nous presser légèrement la cadence…?

Des mots à peine murmurés. De simples mots… Mais le temps se fige, un instant, tout s’arrête. Mon cœur, mon souffle. De simples mots, mais si vibrants, évocateurs dans leur audace… Je parviens à sourire, aisément, mais les mots me manquent et j’acquiesce en silence. Lentement, je me tourne pour faire signe à un de mes hommes, qu’il porte le mot à Aldegar. Et aussi vite qu’il est arrivé, il s’éloigne, nous laissant de nouveau aussi seuls que nous pouvons être au cœur de cette escorte. Mon regard s’attarde sur lui, se perd sur les hommes qu’il rejoint, les parcourt, eux, les environs, avant de se poser de nouveau sur Déjanire.

Pour rendre le voyage plus intéressant, j’entreprends de lui raconter quelques histoires sur Topaze et son peuple, sur le désert, nos cités, nos coutumes. Tourmaline n’est qu’un des multiples reflets de qui nous sommes, et je la laisse découvrir la beauté des dunes autant que de ses gens. Nous nous reposons tantôt à l’ombre d’un rocher pour nous délier les jambes, croisons tantôt une famille qui transitionne vers un nouvel hameau… Le voyage se passe sans difficultés ce qui la rassure sans doute autant que cela me rassure.

Peu à peu, le paysage se parsème de rochers, d’imminences ambrées, immuables à l’instar des dunes que soulèvent les tempêtes de sable. Autour de nous, les plantes se font plus présentes, tachant de leur verdure l’ambre du sol. « Nous arriverons en vue de Tourne-en-Rond dans une dizaine de minutes, commandant. » Un hochement de tête, un geste de la main pour le congédier, un sourire aux lèvres. Je laisse les minutes s’écouler avant de, doucement, arrêter nos montures en indiquant devant nous la ville qui se dessine à l’horizon.

- Votre Majesté, voici Tourne-en-Rond.

Tout d’ambre vêtue, la cité s’étend autour de plusieurs sources d’eau, s’élève aussi en paliers sur la butte rocheuse qui domine l’arrière-plan. Et entre nous et la cité, de grandes étendues d’arbre fruitiers sous l’ombre desquels nous pourrons conclure notre voyage. Je lui souris, la laissant s’imprégner du paysage si vivant après tant d’heures passées dans le désert. Puis, lentement, nous reprenons le doux balancement du voyage pour prendre la route ombragée qui mène jusqu’au castel.

L’escorte redouble de vigilance alors que nous traversons les rues où des attroupements admiratifs s’agglutinent pour avoir la chance de poser un regard sur Déjanire. Sans doute la nouvelle de sa venue s’est déjà propagée comme une poignée de sable en pleine tempête et les pauvres gens qui jamais n’aurait cru possible de voir une si noble dame se bousculent à présent dans leur hâte. Cela risque de compliquer la visite, ne puis-je m’empêcher de songer. Dans l’immédiat, pourtant, je ne m’inquiète pas : le castel aura tout ce dont nous aurons besoin après une si longue route.

Nous débouchons enfin sur une rue plus large, la populace s’étiole alors que nos montures nous mènent de leur pas calme jusqu’au castel. Castel qui, dans une tradition toute topazienne, aurait été impossible à repérer des dunes. Ses pierres et briques sont extraites des ressources locales tout comme celles des autres édifices de la cité et, de l’extérieur, il n’y a guère pour indiquer son importance si ce n’est la taille des murailles qui entourent la demeure.

- Bienvenue au castel de Tourne-en-Rond, Votre Majesté, lance-je avec chaleur alors que nous pénétrons dans l’enceinte du castel.

J’arrête nos montures devant de grandes portes et vient aider Déjanire à retrouver pied à terre. À peine sommes-nous posés que les domestiques se mettent en branle : les montures sont débarrassées de nos bagages desquels on secoue le sable avant de les amener vers nos appartements et tous les petits gestes nécessaires à l’accueil de Déjanire. Je lui offre mon bras alors qu’un palefrenier s’apprête à amener nos montures vers un repos bien mérité, et l’invite à entrer.

L’intérieur du castel est aussi coloré que son extérieur avait pu paraître terne, et je marche lentement pour permettre à Déjanire de l’observer à sa guise. Vitraux, tapisseries, poteries, tout a été prévu pour enjoliver l’espace et faire oublier, ne serait-ce qu’un moment, l’hostile désert au cœur duquel se trouve ce bout de paradis. Je guide Déjanire vers un salon où attendent deux femmes : une mère et sa fille, l’une plus âgée que Déjanire, l’autre considérablement plus jeune. L’aînée est calme, posée, et fait une révérence respectueuse – à défaut d’être particulièrement grâcieuse – à Déjanire. La plus jeune s’empresse de l’imiter.

- Votre Majesté, voici Mailys et sa fille, Astride. Elles veilleront à votre confort pendant votre séjour.

Je souris à l’impératrice que je devine aisément fourbue du voyage.

- Avec votre permission, je les laisserai vous conduire à votre appartement et vous aider à vous rafraichir. Peut-être pourrais-je vous retrouver dans une petite heure?

Je sais que nous trouverons tous les deux de quoi nous rafraîchir de la traversée dans nos appartements et, lorsqu’elle quitte en compagnie des deux domestiques qui veilleront sur elle ce séjour, je m’empresse de régler quelques détails avant d’aller moi-même me changer, troquer mon uniforme pour une tenue beaucoup plus princière. Puis je m’installe pour l’attendre dans l’une des cours du castel.

À cette heure-ci, c’est mon endroit préféré de toute la demeure. Le soleil a dardé tout l’après-midi durant sur les pierres des murs qui l’entourent et s’est depuis éloigné, baignant les environs d’une chaleur diffuse contrée par l’eau d’une source qui, habilement guidée, alimente en eau une fontaine se déversant dans un grand bassin d’eau. En bordure de ce bassin – et c’est là que je me suis installé pour attendre patiemment – des bancs couverts de coussins colorés ont été placés autour d’une table de bois sur laquelle est posée une théière d’où s’élève les volutes d’une infusion à la menthe.  Aux cuisines, on travaille déjà au repas du soir qui nous sera servi ici-même. Pour le moment, quelques pâtisseries ont été élégamment déposées sur un plateau pour accompagner la tisane. Une délicate attention après la traversée…
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Dim 11 Juil - 17:13

À la recherche d'un moment de paix


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Ici, au milieu des dunes, le soleil belliqueux se faisait ardant sur eux. Mais toujours la présence de Silas. Toujours ses paroles emplies d’une sagesse toute topazienne. Une confidence à peine soufflée, sur la couronne fragile qui reposait sur sa tête, et son ami la confrontait d’une simple supposition. Et s’il devait en être ainsi? Et si elle se trouvait exactement là où elle devait se trouver? Desseins des dieux. Coup du hasard. Qu’en savaient-ils, après tout? Des mots pour la rendre songeuse. Des mots pour retirer le poids de cette faute qu’elle portait péniblement, depuis octobre.

Alors que le rythme de la chevauchée s’accélérait graduellement, alors que ses mains se refermaient sur les rênes dans l’espoir vain de la rassurer, les mots de Silas, encore, pour la distraire. Pour lui faire oublier son inconfort. Se bercer par les histoires de ce peuple qu’ils chérissaient tous deux. Bientôt, il lui parlait de certaines coutumes qu’elle ne connaissait que par délicatesse diplomatique. Désormais en tant que Topazienne d’adoption. Puis des légendes sur les cités enfouies, oubliées ou avalées par les sables. Des ruines qui peuplaient les dunes ardentes à l’image de fantômes du passé. Et elle écoutait, Déjanire. Elle écoutait à en oublier la hauteur vertigineuse de sa position, sur sa monture. Des pas rapides et gracieux qui la faisaient balloter un peu trop. Bientôt, il n’y avait plus que les histoires de Silas, sa présence rassurante et la beauté millénaire du désert.

C’était lui, son guide, son hôte, qui le lui avait fait remarquer. Là, Votre Majesté, des armoises. Des plantes de plus en plus nombreuses, alors qu’ils approchaient l’oasis de Tourne-en-Rond. Quelques mots pour lui expliquer que peu à peu, le paysage changerait. Et comme en réponse à cette brève leçon, l’un des hommes armés ralentissait à leur hauteur pour confirmer à Silas l’oasis en approche. Ce n’est que sur le sommet des dunes, un peu plus loin, que la délégation s’arrêta, Silas et Déjanire légèrement en retrait. Voici Tourne-en-Rond, qu’il lui avait dit, son regard sombre posé sur l’oasis qui se dévoilait enfin à eux.

- Elle est magnifique, Silas.

Des mots simples, pour témoigner son émoi. Mais son sentiment était sincère. Une pierre précieuse dans son écrin de verdure. Terriblement vivante, après la journée de voyage au coeur d’un désert aride. Des allées ombragées sous des arbres fruitiers, comme des ramifications qui s’étendaient ici et là en percée verdoyante hors de l’oasis. Une invitation pour les voyageurs accablés qu’ils étaient. Et même au coeur de Tourne-en-Rond, entourée de trop de Topaziens aux mains tendues vers elle, Déjanire ne pouvait qu’être charmée par le décor qui se dévoilait à elle. Des jeux d’eau, si précieux dans cette contrée, pour briser l’éclat ambré et un peu sage de cette ville perdue. Des jardins dissimulés ici et là, sur un toit ou au détour d’une allée, pour rappeler la végétation luxuriante de l’oasis de Tourne-en-Rond. Et son nom.. Son nom, scandé par la petite foule rassemblée. Déjanire. Ils l’appelaient sans haine, dans une curiosité envieuse, et la souveraine respirait plus doucement. Et la souveraine se prenait d’affection pour eux tous, pour leur ville. Pour leur prince si généreux.

Il n’avait pas fallu longtemps pour que Déjanire se retrouve seule dans ses nouveaux appartements, en compagnie seule d’une domestique et de sa jeune fille. Mailys et Astride. Elle avait pris soin de retenir les prénoms de ces visages affables qui, désormais, l’aidait à se débarrasser de ses vêtements de voyage pour un cafta soyeux d’un jaune doré chatoyant. Un présent du prince Silas, que la jeunette lui avait murmuré, le regard rêveur, alors qu’elle effleurait les broderies représentant de minuscules soleils.

- Son Altesse impériale pourra s’en soustraire aisément, si l’envie lui prend de se tremper dans les bassins.
- Je crois que l’air frais et l’ombre me seront suffisants.

La jeunette n’avait pas osé insister plus encore, sous le regard perçant de sa mère. Embarrasser l’Impératrice lors de sa première visite n’était sans doute pas la volonté de leur comte. Mais Déjanire, bien que soucieuse de ce que pouvait représenter une conversation au calme pour Silas, ne s’offusquait pas. Un sourire délicat pour rassurer la mère et la fille, et elle en venait à se plaire de ce charme un peu brusque des Topaziennes éloignées de la cour de Tourmaline. L’idée lui traversa l’esprit de faire connaître la grande ville à la cadette, de l’entraîner avec elle dans sa suite jusqu’au castel du prince Hector de Demain. Noter l’idée pour plus tard, car déjà on terminait de fixer les dernières barrettes dorées à sa lourde tresse. Tout lui semblait plus ostentatoire, ici. Les couleurs plus vives. Les vêtements plus longs, plus couvrants. Les ornements plus lourds et massifs. Le blanc immaculé de sa Nacre lui manquait, malgré toute la joliesse qu’elle se plaisait à voir dans le reflet du miroir que l’on tendait vers elle.

Ce fut Aldegar qui l’escorta à travers les dédales du château de Tourne-en-Rond jusqu’à l’une des cours intérieures où Silas l’attendait. Taciturne, il se contenta de souligner respectueusement l’arrivée de sa souveraine et se retira derrière l’arche pour leur offrir un semblant d’intimité. Jamais vraiment, elle le savait pourtant.

- Je vous remercie pour le caftan, Silas… Et les ornements. J’ignorais tout de vos manigances, depuis Tourmaline, pour m’assurer autant de confort dès mon arrivée.

Son sourire, toujours. Un peu secret. Un peu mystérieux. Toujours charmant, cependant. Elle lui offrit une oeillade légère, trahissant un peu mieux sa sincérité.. Et sa curiosité. Car elle traversait la cour, plutôt que de le rejoindre directement, approchant plutôt la fontaine et ses nymphéas. Son bassin y étant lié. Les mots d’Astride en souvenir, et ses joues de rosir, bien malgré elle. Chasser son trouble. Elle s’installait déjà à ses côtés, sur les coussins confortables, déployant un éventail enchanté d’un geste gracieux. Une brise fraîche s’en échappait aussitôt pour calmer son inconfort.

- En quelques heures, à peine, Tourne-en-Rond m’a charmée. C’est une jolie oasis que vous possédez. Je regrette presque de vous voir aussi souvent au Castel de Tourmaline tant l’endroit doit vous manquer.

La seigneurie d’Onyx, en écho à ses paroles. Trop peu visitée. Trop rapidement oubliée, après le décès de Macsen. Comme si l’enclave luxuriante aux pieds du pont ancestral avait le pouvoir de raviver à elle seule la douleur de la perte. Celle de son époux. Celle de l’enfant qu’elle n’avait jamais pu aimer. Un voile, sur son visage, mais Déjanire s’efforçait de sourire, de chasser sa morosité.

- Mais je ne m’en plains pas. Un visage amical m’est toujours précieux, plus encore depuis mon exil, et je me réjouis de chacune de vos visites à Tourmaline, Silas.

L’éventail reposé plus loin, sur la table basse, et l’impératrice venait tremper ses lèvres dans l’infusion déposée là pour elle. Parfaitement sucré. Parfaitement dosé. Et elle laissait entendre un soupir léger, Déjanire. De la satisfaction, du confort ou du réconfort, après la rudesse du désert. Se retrouver là, auprès de son ami, loin de ses tourments, loin de ses problèmes, bercée uniquement par le bruissement de l’eau et par le chant de quelques oiseaux colorés… Silas devin. Silas magicien. À faire naître des sourires et chasser ses soupirs.

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Lun 2 Aoû - 19:47
Cette rassurance qui brille dans le regard de Déjanire alors qu’elle découvre l’oasis, ce sentiment que tout n’est pas perdu à l’aridité du désert. Je me souviens l’avoir ressenti à mes premières visites. Je me souviens combien il m’était rassurant de retrouver la fraîcheur toute relative qu’offrent les allées ombragées de la cité. Du coin de l’œil, j’observe la même réaction chez ma souveraine, mon amie, et cela me réchauffe le cœur. Il y a, dans ce voyage entre Tourmaline et Tourne-en-rond, quelque chose d’étrangement purifiant. Est-il seulement possible de faire ce voyage et de ne pas s’en trouver changer?

J’ai fait préparer quelques surprises pour Déjanire pour le séjour, avec l’aide d’Estelle de Pastel. Je sais qu’à son arrivée dans ses appartements, on lui proposera une tenue qui a été préparée spécialement pour elle. Cela lui permettra d’être plus confortable sans devoir attendre que ses vêtements soient aérés. Une petite attention qui, je l’espère, lui plaira.

J’entends bientôt les pas, celui doux et léger de Déjanire, celui militaire et protecteur d’Aldegar, et je me lève pour accueillir ma reine d’un calme sourire.

« Votre majesté. »
- Je vous remercie pour le caftan, Silas… Et les ornements. J’ignorais tout de vos manigances, depuis Tourmaline, pour m’assurer autant de confort dès mon arrivée.
- Il me fait plaisir de voir qu’ils vous plaisent, votre majesté. Je dois vous avouer que votre suivante, la dame Estelle de Pastel, m’a été d’une aide considérable dans ce domaine.

Je tiens à reconnaître ce qui est. Je remercierai la dame de Pastel à notre retour, certainement. Pour le moment, je suis surtout heureux de voir que Déjanire apprécie ce que nous avons fait préparer. Heureux, aussi, de la voir un peu plus détendue alors qu’elle arpente la cour pour en observer la fontaine et les bassins avant de venir me rejoindre. Alors seulement je reprends place moi-même. Alors seulement je laisse le parfum de la chaude infusion envahir l’espace alors que je nous sers une part du contenu de la théière, que les volutes de la tisane s’envolent autour de nous.

-  En quelques heures, à peine, Tourne-en-Rond m’a charmée. C’est une jolie oasis que vous possédez. Je regrette presque de vous voir aussi souvent au Castel de Tourmaline tant l’endroit doit vous manquer.

Je lève le regard vers elle, un regard où elle pourra certainement voir la fierté qu’éveille en moi mon domaine. Une petite parcelle de paradis au cœur d’une contrée inhospitalière. Qu’elle en soit ainsi charmée me rend plus heureux que je ne veux bien me l’avouer, ou même le montrer, mais je ne saurais cacher la chaleur de mon regard. J’aime Tourne-en-Rond. Je n’y suis pas souvent, c’est vrai, et il m’arrive parfois d’espérer pouvoir retrouver mon havre de paix, mais il y a toujours fort à faire ailleurs également. Fort à faire pour protéger les joyaux que sont chacune des cités de Topaze.

- Mais je ne m’en plains pas. Un visage amical m’est toujours précieux, plus encore depuis mon exil, et je me réjouis de chacune de vos visites à Tourmaline, Silas.

Je lui offre un tendre sourire avant de laisser mon regard se perdre sur la fontaine, de crainte qu’elle ne parvienne à y lire plus que je ne souhaite réellement dévoiler. Plus, sans doute, que je ne suis prêt à m’avouer à moi-même, encore une fois.

- Il est vrai que mes devoirs me poussent à voyager beaucoup, et que je n’ai pas souvent l’occasion de venir passer du temps ici. Pourtant cela rend chaque visite plus agréable. Et celle-ci, en votre compagnie, sera certainement la plus mémorable de toutes.

En tant que vassal, Déjanire me fait un immense honneur en acceptant de séjourner en mon domaine, et rien que cela suffirait à nombre de nobles à rendre cette visite mémorable. Mais notre amitié va au-delà de ces parures, et c’est sa présence entière que j’apprécie et dont je garderai les souvenirs les plus chaleureux.

- Je suis toujours heureux de vous tenir compagnie, d’autant plus si cela peut rendre la situation actuelle plus tolérable pour vous. Je visiterais Tourmaline plus souvent dans ce but si mes fonctions me le permettaient.

Mais elles ne le permettent pas. Et je ne le permettrais pas non plus, pour la préserver des rumeurs qui pourraient trop aisément s’embraser si l’on devait commencer à noter une soudaine hausse d’attentions à son égard. Je ne cesse de me souligner l’importance de mes absences, et le travail que je fais en son nom, pour conserver l’ordre et rétablir son empire.

- Je dois m’avouer ravi que vous ayez accepté mon invitation, et osé braver les dunes et le soleil ardent avec moi. Cela nous donnera l’occasion, je l’espère, de rattraper les moments perdus, volés par tout ce que nous devons tous les deux accomplir chaque jour. Il y a fort longtemps que nous n’avons pas eu l’occasion de discuter librement, n’est-ce pas ?

Si tant soit que des gens de notre stature parviennent à parler librement. Loin des yeux et des oreilles de la cours, ici, peut-être parviendrons-nous à discuter comme nous le faisions à une autre époque. Si elle le veut bien. Cela me ferait plaisir.
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