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Benjamin Longueflamme
Benjamin Longueflamme
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Jeu 15 Avr - 19:04
Sur la routeDe Memphiiiiiis
Participants : Évariste Ondenoire / Benjamin Longueflamme
Date : 01/08/1198
Lieu : Sur les chemins escarpés de Rubis, entre deux villages
Résumé (optionnel) : Benjamin fait sa tournée d'été (pour vendre des armes, pas pour chanter) et se fait accompagner de mercenaires, dont Évariste qu'il connaît bien.
Code:
[b]Titre[/b] : Sur la route
[b]Participants[/b] : Évariste Ondenoire / Benjamin Longueflamme
[b]Date[/b] : 01/08/1199
[b]Lieu[/b] : Sur les chemins escarpés de Rubis, entre deux villages
[b]Résumé (optionnel) [/b] : Benjamin fait sa tournée d'été (pour vendre des armes, pas pour chanter) et se fait accompagner de mercenaires, dont Évariste qu'il connaît bien.



Dernière édition par Benjamin Longueflamme le Dim 18 Avr - 17:11, édité 1 fois
Benjamin Longueflamme
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Jeu 15 Avr - 19:06
Il s'est souvent demandé, Benjamin, pourquoi la source des Flammes  l'a appelé à elle, plutôt que celle des Brumes. Ses amis mages ont plaisanté sur son nom, son père sur son caractère parfois volcanique... mais quand il se retrouve sur les terres de Rubis, même en plein mois d'août, Benjamain sait. C'est sans doute parce qu'il préfère, un million de fois, le chaud au froid ! A chaque fois qu'il en est à ce point de sa tournée habituelle, quelques semaines à peine avant de rentrer chez lui, en plein milieu de ce que l'on pourrait appeler "été" ici, l'armurier se rappelle à quel point il n'aime pas trembler. Certes, il est chaudement vêtu et certes, il se peut qu'il enchante lui-même ses vêtements pour être sûr que ceux-ci diffusent une certaine chaleur mais il n'empêche, il n'est pas le plus grand fan de Rubis, son vent glacial et ses températures jamais agréables. Lorsqu'il neige en Aiguemarine, lui reste bien au chaud à Saphir mais là, il a tout de même l'impression qu'il fait froid tout le temps.

Il s'est fréquemment demandé comment ses compagnons vivaient ce que lui qualifie de froid - quoique cela doit être qualifié de chaud par les habitants de la région, il en est sûr -, alors qu'ils cheminent vers le prochain village, chargés. Deux chevaux de bât en plus de leurs quatre montures, qui transportent ce qu'ils ont besoin, et leur petite troupe est pile de la bonne taille : assez pour faire hésiter animaux sauvages et brigands éventuels, mais bien trop peu pour attirer une quelconque attention, malgré les troubles qui grandissent. Ils sont quatre, donc, avec Benjamin : deux mercenaires qu'il ne connaît pas plus que ça, lui, et Évariste. Benjamin lui jette d'ailleurs de fréquents coups d’œil, au mercenaire. Ils se connaissent bien, tous les deux : l'homme l'accompagne souvent dans ses expéditions d'été. Pas à chaque fois, parce qu'il paraît que la Compagnie de Diamant et le jeune hommes ont autre chose à faire que d'attendre que Benjamin Longueflamme ait besoin d'eux - pas ses mots - mais souvent. Et surtout, Évariste, c'est le premier mercenaire qui ait accompagné Benjamin.

Il s'en rappelle encore, l'armurier, de ce trajet avec son père à fixer chaque geste du mercenaire, à admirer ses entraînements à l'épée, à prier qu'ils tombent sur des bandits pour qu'il le voit à l'action. Ce n'est pas arrivé, mais cela n'a pas empêché l'enfant, tout jeune adolescent, d'admirer avec dévotion Éva. Il se rappelle de sa grâce avec son épée, de cette évidence, presque, de ce qu'il y avait à faire et de comment le faire. Il serait bien devenu mercenaire, Benjamin, suivant les traces de son nouvel idole, et il soupçonne parfois que c'est la raison qui a poussé son père à l'envoyer en apprentissage chez Lucie, artisane armurier de son état, histoire que son benjamin  s'intéresse à autre chose qu'à un métier de guerrier.

Ses yeux se détachent d'Évariste pour revenir sur la route qui chemine devant eux. Cinq jours qu'ils sont partis de Grenat pour gagner les villages disséminés alentours, dans lesquels Benjamin a des contrats d'exclusivité pour récupérer du minerai ou des pierres précieuses, à des coûts moindres que ceux présentés à Saphir. Il troque armes de bonne facture contre métaux précieux l'armurier, appréciant l'honnêteté - et le sens effarant du commerce - des habitants de Rubis. Mais dans ce pays sauvage, et trop froid, il n'y a qu'une Arche, et il faut bien se déplacer autrement. Les villages sont nombreux, leur permettant de dormir dans des auberges, au frais de Benjamin, plutôt que sur la route mais aujourd'hui, cela risque de s'avérer compliqué. Le soleil commence lentement sa descente sur l'horizon et ils ont pris du retard à cause d'un ours qui a effrayé leurs chevaux de bât. De loin, heureusement. Saleté de princée trop sauvage !

"J'ai bien peur que nous n'arrivions pas au village avant la nuit." annonce Benjamin à haute voix. Ils sont équipé, parce que l'on ait jamais trop équipé pour Rubis disait son père, mais c'est tout de même mieux de dormir au chaud qu'à la belle étoile. Moins aventurier, certes, mais bien plus civilisé. "Sauf si vous connaissez un raccourci." Il se murmure que les quartiers généraux de la Compagnie se trouve dans ces contrées sauvages, peut-être ont-ils des informations qu'il n'a pas ?


Dernière édition par Benjamin Longueflamme le Ven 23 Avr - 23:16, édité 1 fois
Évariste Ondenoire
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Ven 23 Avr - 9:08
Il avait fallu un petit moment pour que je me décide. Après tout... Ce voyage courait sur une longue période, loin de la possibilité de se laver régulièrement, et surtout, il m'obligeait à devoir frayer avec ces monstres effroyables et velus, ces créatures immenses et obstinées, les CHEVAUX. Créatures clopin-clopant et appréciés de tous... Enfin... Presque. Est-ce que c'était possible d'être aussi grands et aussi incontrôlables ? Je n'avais jamais aimé ces bestioles, pas plus que je n'aimais les chiens, ou les chats, des nids à microbes si vous voulez mon avis. Certains diront que j'étais sans doute un poil rigide et... Rabat-joie. Mais non... Élever un loup ou une panthère des neige n'était pas le meilleur plan (d'ailleurs le mercenaire qui s'y était essayé avait fini boulotté pendant la nuit, triste fin, mais... Hey ! Je l'avais prévenu.). Ma monture était une pouliche de bientôt 4 ans, elle était de bonne taille, mais... Heureusement, il n'était pas bien difficile de monter en selle. Sa robe était pie. Son petit nom ? Braise.

Toujours était-il que j'avais accepté, parce que d'une part cela me permettais de voyager et de voir le monde -comprenez, autre chose que ma famille, cherchant à me marier à la première personne un tant soit peu fortunée venue "C'est un mercenaire certes... Mais vous verrez, il est très bien élevé, et il est propre !", ou que mes camarades d'armes que mes lubies, au mieux, amusaient, au pire, exaspéraient.-
Enfin toujours était-il que j'appréciais l'homme qui nous engageait années après années. C'était un armurier qui faisait de belles pièces (et je savais les reconnaître). Nous étions actuellement en terre de Rubis. Je ne pouvais m'empêcher de penser à Lysandre, amour de jeunesse, noble issu de ces contrées ma foi... Fraîches. On disait souvent que le froid était vivifiant. Très mortel si vous vouliez mon avis. J'avais toujours tendance à penser à lui lorsque je m'aventurais en Rubis. Ce froid mordant à toute période de l'année, ces massifs montagneux tout aussi écharpés qu'ils en étaient escarpés. Mais Rubis était néanmoins une belle terre. Aiguemarine me manquais, cependant.

J'étais vêtu d'un long manteau sombre, pourvu de broderies végétales ressortant, noir sur noir. Ce manteau ne me quittais jamais. C'était une pièce fabriqué par mon père, paix à son âme, mais qui ne s'était jamais vendue dans son échoppe à Saphir, il fallait dire que le noir n'était pas couleur très attrayante dans ces contrées. J'avais enfilé par dessus une cape en lourd lainage de la même teinte, elle était doublée de fourrure, afin de conserver la chaleur en dedans. Mes éternels gants étaient fourrés sur mes mains, et je me sentais engoncé parmi les multiples couches que je portais sur mes jambes. Il fallait dire que lorsqu'on voyageait au niveau de ces terres, il fallait être prêt. Épée sur la hanche, couteaux disséminés sur tout le corps, dont un dans la botte, parce que "on ne sait jamais". J'étais prévoyant. Trop, soufflaient certains de mes camarades. Trop rigide aussi, sans doute. Mais en attendant... J'étais prêt à toute éventualité. Si sur la journée, nous n'avions pas croisés grand monde... Il n'empêchait que nos pas avaient croisés ceux d'un ours. Sans doute une pauvre bestiole affamée à la recherche d'un plus, en ayant marre des quelques fruits éparses à se mettre sous la dent. Il avait fallu le chasser (la magie des brumes était pratique dans ces genres de cas). Et rassurer les chevaux. Autant dire que nous avions perdu beaucoup de temps. Benjamin prit la parole, nous annonçant que nous n'arriverions pas au village avant la nuit. Un coup d'oeil échangé avec mes comparses, les deux secouèrent la tête, j'adressais un sourire au jeune homme.

"Je pense qu'il va falloir bivouaquer mon grand. Si il y a un point d'eau dans les environs, ce sera parfait. Ne t'inquiète pas. On arrivera à destination demain sans problème."

Parfois... Il fallait accepter le sort, et se plier aux contraintes, cela demandait de temps en temps de dormir à la belle étoile. Je n'avais rien contre. Les températures fraîches m'effrayais cependant. Mais j'avais appris à ne pas le montrer. Il ne fut pas dur de trouver un lieu où se poser. Un terrain relativement plat et herbeux, permettant aux cheveux de paître. Un petit filet d'eau semblait provenir de la montagne, l'eau semblait pure, mais incroyablement fraîche. Gauvain et Henry étaient partis chercher du bois afin de nous permettre de faire un feu, nous nous étions déjà organisés afin d'avoir des tours de garde. Un sourire amusé éclaira mon visage, alors que je regardais le jeune homme.

"Il te faudra une couverture supplémentaire pour cette nuit ? Elle risque d'être fraîche."
Simple jeu, ou petite boutade pour faire peur à une connaissance devenue au fil des ans assez proches ? Mon expression joueuse ne donnait aucun indices.
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Ven 23 Avr - 23:10
Ce n'est pas que cela ne lui plaît pas de dormir dehors - bon d'accord, si, un peu - mais Benjamin préfère nettement son petit confort. Il est commerçant, pas soldat, pas mercenaire, pas fermier non. Commerçant. Il ne s'épanouit que dans les villes et le confort de la civilisation, voilà tout. Est-ce réellement un mal ? Et pourtant, il adore ce contact avec les gens que lui offre ses tournées régulières Benjamin, il apprécie de sortir, quelques mois, de l'armurerie pour parcourir les autres Princées. Mais avec le confort, c'est tout de même plus agréable ! Il hésite quelque peu, l'armurier, devant le sourire d’Évariste et ses paroles presque paternalistes, avant de pousser un long soupir. Peut-être que venant de quelqu'un d'autre, il aurait pu mal le prendre mais... c'est Eva. Évariste le mercenaire, Évariste le meneur d'homme, Évariste qui semble tout de même bien plus dans son élément ici que lui. L'entendre le surnommer "mon grand" avant de le rassurer le ramène des années en arrière, lorsqu'il regardait ce même Évariste, bien plus jeune, avec la conviction que rien ne pourrait arriver si l'homme était présent. C'est un sentiment étrange et réconfortant que Benjamin accepte sans se poser trop de questions.

Il sourit à l'homme, reconnaissant qu'il prenne les choses en main, avant de talonner sa monture pour repartir à la recherche d'un coin pour passer la nuit. Il ne leur fallut pas longtemps pour le trouver et s'aménager un coin aussi douillet qu'il puisse l'être dans ces circonstances. Les deux mercenaires partis à la recherche de bois, Benjamin se retrouve seul avec Évariste, dont la voix le sort soudain de ses pensées, à savoir : où s'installer pour avoir le moins froid possible et comment faire un brin de toilette dans une eau aussi gelée. "On est en été." Souligne Benjamin, son ton oscillant entre perplexité et assurance. "Il ne va pas faire si froid que ça." Il n'en est pas franchement sûr, mais peut-être n'est-ce qu'une moquerie sur le fait qu'il soit particulièrement frileux ? Il hésite Benjamin, observant Éva sans s'en cacher, cherchant à déterminer si c'est une blague ou non. Ça ressemblerait bien au mercenaire, cela dit, de lui faire peur juste pour s'amuser.

"Je n'aurais pas besoin d'une couverture de plus." Affirme l'armurier, évitant avec soin de songer que son attitude s'est fait celle d'un gamin buté et vexé plutôt que d'un adulte responsable. "Flamme, tout ça." Souligne-t-il soudain d'un air malicieux avant de ramasser une brindille qui s'enflamme après une brève manipulation magique. C'est stupide et incroyablement vantard, en plus d'être inutile : Benjamin serait le premier à le reconnaître, mais il n'empêche qu'il espère bien que cela fera son effet. C'est ridicule, mais une partie de lui aime à imposer son talent, son savoir-faire, pour montrer à Évariste qu'il n'est plus un enfant, et qu'il est capable. Peut-être, certainement même, que cette admiration qu'il a pour le mercenaire ne s'est jamais totalement démentie. Mais il ne va clairement pas lui avouer !

De toute façon, désormais, Évariste  le connaît depuis suffisamment longtemps pour savoir que Benjamin aime faire son intéressant et briller, quel que soit l'interlocuteur. Sa réputation d'armurier doué n'est certes pas usurpée mais il n'empêche qu'il en joue et ne montre, souvent, pas la moindre modestie quand à son talent. Pourquoi chercherait-il à minimiser ce qu'il considère comme sa plus grande force, et sa plus belle réussite ? Benjamin, pourtant, ne peut pas s'empêcher de resserrer un peu plus son manteau autour de ses épaules à l'idée que peut-être, éventuellement, il va réellement faire très froid cette nuit, Flamme ou pas Flamme. Manteau charmé pour lui tenir chaud ou non. Peut-être qu'il devrait ravaler sa fierté et l'accepter, cette couverture supplémentaire ?
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Mer 12 Mai - 12:45
Quand on faisait partit de la Compagnie de Diamant, fallait bien vite devenir flexible et apprendre à vivre au jour le jour. Apprendre à domestiquer la nature, à en tirer le meilleur pour pouvoir survivre. Et c'était accepter de devoir, parfois, dormir à la belle étoile. Parfois c'était pas toujours facile. Surtout étant donné mes manies en rapport avec l'hygiène. Mais on s'y faisait.

Mes deux acolytes étaient partis chercher du bois, et nous avions attaché à rênes longue les chevaux. Ces derniers broutaient quelques touffes d'herbe. Il n'y avait pas à se plaindre, l'air était frai, mais il était des plus vivifiant. Quand je regardais celui que j'étais avant mon arrivée dans la compagnie, face à celui que j'étais aujourd'hui, je pouvais être fier du chemin parcouru. Certes, j'avais toujours des barrages vis à vis des gens. Ne toucher personne, se laver systématiquement dès que c'était possible pour se débarrasser de la crasse. Je me souvenais de l'odeur de maladie qui pesait, dans la chambre de mon père, alors qu'il était malade. Je me souvenais de ses râles de souffrance, ma jeunesse avait été marqué par cet épisode, et on en ressortait pas indemne. Mais petit à petit, j'apprenais à être un peu moins strict, un peu moins trouillard. Bien des fois, je m'étais retrouvé barbouillé du sang d’ennemis. Si après je m'étais lavé à m'en décoller la peau... Pendant, j'avais pu gérer mes peurs. J'avais pu gérer mes angoisses.

Parfois... J'aimais le confort, et d'autre fois j'aimais le grand air. L'air y semblait si pur, bien loin de certaines tavernes dont la crasse humaine et l'odeur de graillon avait imprégné les lieux. Il était plus sain de dormir à la belle étoile que de dormir dans un endroit clos, entouré d'étrangers à la propreté incertaine. Une expression douce passe sur mon visage alors que je pose un broc en métal sous la petite source qui ruisselle, nous aurons besoin d'eau. J'en ai un deuxième à portée de main. Je hoche la tête.

"L'été qu'on affronte ici est bien loin de celui que nous vivons par chez nous. J'avais un ami qui était originaire des terres de Rubis. Ce sont de vraies forces de la nature ces gens."
Un petit rire m'échappe. "C'est vrai... C'est amusant que ce soit cet élément là qui t'ais choisis. Tu en fais vraiment des merveilles. Je te laisserai à disposition une couverture en plus en cas de besoin. Tu en feras ce que tu veux, ça peut être pratique pour se caler la tête tu sais..." J'observe la brindille s'enflammer entre les doigts de l'homme, c'était toujours un spectacle incroyable, de voir les gens manipuler les éléments. Ma manipulation à moi était différente... J'étais brume, ma magie passait plus par le psychique et les illusions. "Garde de l'énergie pour nous allumer un bon feu quand même !" Une bourrade amicale plus tard, je lui laissais les deux couvertures, ramenant mes brocs d'eau près de l'endroit que nous avions pris pour "camp". J'avais attrapé une autre couverture que j'avais déplié au sol pour ne pas me poser à même ce dernier, attendant finalement mes camarades qui finirent par revenir les bras chargés de petit bois. On les entassait déjà.

"Benjamin, si tu veux bien te donner la peine de nous faire profiter de tes précieux talents ?"
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Jeu 20 Mai - 23:24
Il veut bien croire, en effet, que les gens venus de Rubis ont quelque chose en plus, une sauvagerie, une volonté de fer, une obstination bornée, quelque chose en tout cas qui explique pourquoi ils s'accrochent à cette terre bien trop froide au goût de Benjamin. Et de tout être normalement constitué, il en est sûr. Il aime voyager Benjamin, mais il aime rentrer chez lui aussi, retrouver la douceur du climat et la magnificence des paysages. La remarque d'Évariste, précédée de son rire, fait sourire Benjamin. Pas de fausse modestie, il est vrai qu'il en fait des merveilles, sa présence ici, d'ailleurs, en est bien la preuve. Il ne sait pas trop, l'armurier, quel Dieu l'a destiné à hériter de cette magie mais une chose est sûre, il lui en est reconnaissant.

Le mercenaire cherche à préserver sa fierté en lui indiquant qu'il peut tout à fait se servir de sa deuxième couverture comme d'un confortable oreiller et c'est un Benjamin soulagé qui l'accepte sans broncher. Il fera ça, oui, avant de mourir de froid et de finir par succomber à l'envie de se blottir dans un nid chaud et douillet au risque de se prendre des moqueries de ses compagnons de voyage sur sa frilosité. "Pas d'inquiétude." assure l'armurier. Il lui en faudrait beaucoup pour être incapable d'allumer un feu et si la magie tire de son énergie, faire flamber quelques bouts de bois n'est pas plus épuisant que ça pour l'armurier. L'habitude, peut-être, l'entraînement. Il se sert de cette magie chaque jour Benjamin, cela doit bien lui apporter quelques avantages ! Leurs ramasseurs de bois finissent par revenir alors que l'armurier s'est presque confortablement installé non loin de leur futur foyer, une couverture déjà soigneusement enroulée autour de ses épaules.

Une fois le bois amassé, c'est à son tour de briller, et il ne se le fait pas dire deux fois. Exubérant, prétentieux, amateur de spectacle ? Quoi qu'il en soit, Benjamin n'allait pas se contenter de simplement faire flamber quelques flammèches, non ! C'est bien mal le connaître ! C'est un oiseau de feu qui s'élève, de la taille d'un merle peut-être, pour venir plonger dans le tas de branches installé et faire naître des flammes joyeuses, qui ont tôt fait de lécher le bois. La demande d'énergie n'est pas bien grande pour plier le feu à sa volonté et incarner une forme aussi petite, et Benjamin s'est habitué, maintenant, à sentir la brusque lassitude qui s'empare de lui après une longue journée et une dépense magique pas réellement considérée. Ou nécessaire. Mais cela fait toujours son effet, et Benjamin ne serait pas lui-même s'il ne pouvait pas, un peu, faire son malin. Les mercenaires étouffent une exclamation devant la petite créature enflammée qui se jette dans leur tas de bois et le sourire suffisant de l'armurier exprime bien sa satisfaction à jouer ainsi de sa magie.

Ses armes, Benjamin les a conçu de la même façon : exubérantes, attirantes, flamboyantes. Elles ne sont évidemment pas toutes comme ça, la dépense énergétique serait bien trop importante et la demande n'est, de toute façon, pas assez nombreuse pour couvrir l'investissement que l'armurier met dans ces armes particulières. Mais ses plus beaux joyaux le sont, ces épées qui parlent - presque, c'est loin d'être au point - ou ces mots qui suivent les mouvement de sa masse d'arme - charme très, très loin d'être au point, la vitesse de déplacement faisant s'effacer les lettres bien trop vite. "Cela fait toujours son effet, n'est-ce pas ?" Sa voix est fière, nul ne peut me nier. Il aime jouer de ses capacités, Benjamin ne le cache pas. "J'aurais pu utiliser ça aussi, mais c'est beaucoup moins drôle." Avoue le jeune homme en lançant à Évariste une petite dague qu'il a sorti de sa besace. Un charme astucieusement placé permet à la lame de s'enflammer sur simple pression des doigts au bon endroit. "J'hésite à appeler ça Dague à Feu. Ou lance-flammèche". Le nom est encore à travailler, c'est sûr.
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Mer 26 Mai - 14:18
Si naguère je voyais, plus jeune, les gens de Rubis du même bois que Lysandre, j'avais fini, au cours d'une existence passée sur les routes qu'il n'en était rien. Et le gamin de Saphir naïf avait laissé sa place à un homme malin, a un homme qui cernait un peu mieux ce monde, les enjeux. Si gamin j'avais eu du mal à accepter une relation sans lendemains possibles, en frayant avec les gens de Rubis, j'avais compris à quel point la situation, à cette époque, avait été délicate.
Enfin... Toujours était-il que j'avais tourné la page, je crois, au prix de bien des efforts. Je m'étais engagé dans une voie bien incertaine auprès de la compagnie, et je ne le regrettais pas un instant. Les années passaient et ajoutait sans cesse un peu de poussière sur les blessures invisibles, les rendant un peu plus flou, un peu plus supportable chaque jours. Les visages devenaient flous, les souvenirs prenaient des teintes éthérés, avant que les détails ne s'estompent petit à petit... Comme gommés. Ne restait que le vif des sentiments, que la cristallisation de ces sensations. Le temps passait pour tout le monde. Je regardais Benjamin. Ce gamin avait laissé sa place à un brave gaillard, à n'en pas douter. Pourtant, là encore, les souvenirs flous étaient présents. Des souvenirs loin d'être désagréables.

Le bois posé, le jeune homme nous fait un exemple de sa magie, de ses pouvoirs. Entre ses mains prend naissance un joli oiseau enflammé, phénix, clameraient certains. Le petit animal prend son envol pour plonger avec adresse dans les branches. Le bois est sec, aucun bois vert dans le tas qui occasionnerait beaucoup trop de fumée, je hoche la tête à l'adresse des hommes, bon travail. Je frappe des mains, bien vite rejoins par mes acolytes.

"C'est magnifique ! N'es-tu pas sûr d'avoir un jour voulu te tourner vers le divertissement ? Je me souviens de quelques cracheurs de feus qui jouaient avec de pareils tours dans mon enfance."

Soudainement, le brun lance quelque chose vers moi, et je récupère avec adresse la lame courte qu'il me lance. Je l’attrape et appuie par inadvertance sur un bouton, actionnant un mécanisme qui enflamme soudainement la dague, manquant au passage de me délester d'un sourcil ou deux.

"Par Novembre ! On a eu chaud..."
Une moue désabusé se fiche sur mon visage quand j'entends mes compagnons de route s'esclaffer comme des oies face à mon jeu de mot involontaire. Je retire mon doigt du petit bouton, la lame redevenant une arme toute simple. Je la présente à l'armurier, poignée en avant.

"Hm..." J'étais pas des meilleurs conseillers en matière de nom... Je n'avais que peu d'imagination. "Pourquoi pas "Cardinal" ? Tu sais... Comme le petit oiseau rouge. Ou Phénix. A part si tu veux lui donner un nom composé, mais si c'est une pièce unique, il faut lui donner un nom unique, tu en tireras un meilleur prix. ça marche bien sur les gens." Un sourire roublard étire mes traits. "Si tu veux en vendre plusieurs à bon prix, change plusieurs fois de nom."

Je retourne auprès de nos affaires, sortant de quoi se sustenter. Du fromage, de la viande fumée et du pain pas encore tout à fait rassis. C'était les joies du voyage. Des repas frugaux. Et je me voyais mal me balader en pleine montagne pour chasser les marmottes. Je coupais avec soin des morceaux de fromage et de viande avec mon couteau, prenant soin de disposer le tout dans un torchon et le passant à mes compagnons, alors que je regardais les flammes, mangeant un peu.

"Mon père est originaire de ces terres. Il me racontait souvent des récits de son pays... Et parmi eux... Il y en a une qui concerne des voyageurs, comme nous."
Un large sourire étire mes traits. "Souhaitez-vous l'entendre ?"

J'étais bon orateur... Je l'avais toujours été, mais c'était encore plus le cas depuis que j'avais appris à contrôler ma magie.
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Lun 31 Mai - 22:09
Il s'incline devant l'enthousiasme de ses compagnons de route Benjamin, sans fausse modestie. Il sait que l'effet est splendide, c'est bien pour les épater qu'il l'a fait, alors autant goûter des compliments qu'il sait mérités ! La remarque d'Évariste le fait rire, et il secoue la tête. "Mon père m'aurait tué, je pense. Déjà qu'il m'a envoyé en apprentissage à l'armurerie pour éviter que je ne suive les traces de mon frère !" Quand il y repense, pourtant, cette décision paternelle est, paradoxalement, ce qui lui a permis une liberté énorme, et une fortune encore à bâtir. Pas de sœurs pour chercher à le marier, pas de parents qui veillent sur leurs intérêts... être le puîné lui offrait déjà une certaine tranquillité, devenir apprenti armurier l'a parachevé ! Certes, il a plus ou moins été vendu à Lucie mais ce n'est pas si terrible, n'est-ce pas ?

Qu'il devienne bohémien, pourtant, les siens ne l'auraient jamais permis. Le déshonneur aurait été trop grand, d'avoir un fils qui ne fait rien, sinon créer du rêve. Le rêve, assurément, n'était pas assez concret pour son père. Créer des armes, cela l'est déjà beaucoup plus. La lame qu'il a lancé à Évariste en est un brillant exemple, manquer mettre le feu au mercenaire. Sa remarque lui attire une salve de rires, et Benjamin a encore le sourire aux lèvres lorsqu'il récupère la dague des mains de l'homme. L'armurier la range précautionneusement dans son fourreau, écoutant les propositions d'Éva avec intérêt. Lame-de-phoenix pourrait être un beau nom, peut-être. Il faut qu'il y réfléchisse, assurément ! L'idée de l'homme n'est pas bête, en tout cas : s'il en écoule bien peu, de toute façon, les dagues de feu se vendront bien plus chères. Et pourtant, quelle utilité ! Tandis que Benjamin passe l'arme aux autres mercenaires, histoire qu'ils y jettent eux aussi un œil sans risquer de s'enflammer une quelconque partie de leur anatomie, Éva sort leurs provisions et les distribue à la ronde. Si l'on peut reprocher quelque chose à l'homme, ce n'est pas son manque d'hygiène et Benjamin accepte avec joie la portion qui lui ai donnée.

Il ne s'en était pas rendu compte avant de voir la nourriture, mais il meurt de faim. Le grand air, ça creuse, et si l'armurier est habitué à l'exercice physique, ces tournées annuelles sont bien plus fatigantes qu'il ne l'avait anticipé au premier abord. Regardant ses compagnons autour de lui, baigné par cette fraternité qui lie temporairement les compagnons de voyage, Benjamin ne peut nier qu'il se sent bien. Peu importe les rumeurs de troubles qui grondent, peu importe qu'il soit celui qui paye ces hommes, peu importe le froid, même. Il se sent bien, l'armurier, blotti dans ses couvertures, le regard se perdant parfois dans le feu qui pétille joyeusement, parfois sur ses compagnons de route. Une histoire, oui, c'est bien tout ce qui manque au tableau !

Il a l'impression d'avoir de nouveau dix ans, lorsqu'il réclamait une histoire qu'il écoutait sagement, blotti contre son père, les yeux et les oreilles grands ouverts pour ne pas en perdre une miette. "Oh oui !" Laisse-t-il échapper, d'une voix plus enfantine qu'il ne l'aurait sans doute voulu. Il sait, pour l'avoir déjà écouté, que l'homme est un bon conteur. Le divertissement promet d'être excellent, malgré la rudesse de leur campement. Les contrées les plus sauvages sont souvent sources des plus belles légendes, et il a hâte d'entendre le récit d'Éva. Le feu qui crépite, le mouvement quelque peu lointain des chevaux, rien ne manque au tableau, si ce n'est voir la magie prendre vie et leur dessiner les paroles du conteur.
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Sam 12 Juin - 7:23
C'est étrange... La vie, qu'est-ce qui nous pousse vers nos chemins ? Certains parlent de destiné, choisie à la naissance. ça donne un côté... Inaltérable a nos situations de pauvre humain. "Tu vois ? C'est écrit" dirait-on. Personnellement, j'ai toujours tout fait pour faire... L'exact opposé que ce que la destinée, ou toute autre entité attendait de moi.

J'ai tracé ma propre route, de gamin frêle et effrayé, j'étais devenu un guerrier, un battant. Et si parfois, je regrettais certains choix de vie, il n'en avait jamais fait parti.

"Ton père est un homme bien, il est protecteur et... Très attaché à son image. Je pense que c'est... Quelque chose que beaucoup de gens d'Aiguemarine partagent. Si tu savais comment ma mère a réagit quand je me suis engagé dans la compagnie de diamant."

Oh... Je m'en souvenais encore. Les cris, l'incompréhension, le jugement. Son fils venait de se condamner à une vie bien étrange. Et... Le pire... C'était qu'il venait de perdre de la valeur comme marchandise. Comment voulez-vous vendre ce garçon à un parti intéressant désormais ? Impossible, elle en avait perdu le sommeil pendant des lustres, et moi... Moi je soignais une peine de coeur en m'enfonçant dans une bien étrange voie.

"La vie de bohème, sans attaches aucune, au gré des routes... Beaucoup en rêvent sans jamais sauter le pas. C'est dommage."

Puis... Alors que l'obscurité commence à tomber, alors que... Le soleil commence à se coucher, dans cette semi pénombre, vient l'heure de l'histoire. J'avais toujours aimé, raconter des histoires, leur donner vie... J'étais brume, je savais manier l'illusion, magnifier les choses, jouer avec les sens. Et... Alors que ma voix s'élève, grave, agréable, je raconte l'histoire... L'histoire qui m'a fais frissonner une paire de fois gamin... Parce que... Quand vient la nuit, il n'y a de la place que pour les contes effrayants.

"Un Rubin et ses amis étaient partis dans les forêts, au coeur des montagnes, afin d'y chasser le gibier, ils y restaient une partie de l'année... Car lorsque les beaux jours revenaient, les animaux semblaient ne plus rien craindre. Ils n'étaient pas farouches et lui et ses compagnons ramenaient à la capitale assez de fourrures et de viandes pour leur permettre de vivre sur leurs économies sans problèmes tout l'hiver. Ce qu'ils ne savaient pas... C'était que ... L'hiver revint les cueillir plus vite que prévu ."


J'agitais les mains, et bien vite apparu une fumée claire, dessinant silhouette humaine et montagne se changeant en crâne, au fur et à mesure, les dessins s'animaient, changeaient, illustraient mon récit.

"L'hiver est rude en terre de Rubis, et lorsqu'il vous surprend, la nourriture peut être dure à trouver. Notre groupe d'amis fut bien vite touché de plein fouet par la faim. Cette sensation dévorante ne les quittaient pas. La faim. Ils n'avaient plus aucune ration en stock, et peinaient à cheminer dans la forêt pour retrouver la sortie et rejoindre la moindre civilisation. Ils cheminaient, avec peine. Puis... Janvier vint les cueillir en personne, les uns après les autres. Va creuser une tombe dans un sol gelé, c'était bien impossible ! Ils furent donc laissés sur place. Ils tombèrent les uns après les autres, du froid, de la faim. Ne restait finalement que le rubin. Pour survivre il s'était livré à des actes répugnants, violant une à une chacune de ses promesses. Les mailles de son collier était depuis longtemps noircies. Malédiction, ou action de la forêt maudite, il finit par changer. Et on raconte qu'il hante toujours la montagne. A la recherche de nourriture. A certains moments... On peut entendre son collier, dernier vestige de son humanité cliqueter. Mais... Ce n'est pas ça qui averti dans un premier lieu sa présence."

D'un signe discret de la main, usant de ma magie, je pus faire en sorte de faire entendre à tout le monde un léger cliquetis, suivi d'un sifflement mélodieux et de bruits d'objets, s'entrechoquant.

"On l'entendrait siffler quelques vieilles comptines du pays. Il se déplacerait également avec un large sac en toile de jute sur le dos... Duquel s'échapperait une mélodie macabre, celle des os de ses victimes, s'entrechoquant."
Et d'un coup d'un seul, mes petites création disparurent alors qu'un large sourire angélique éclairait mes traits. "Mais... On est pas en forêt ici ! On a de la chance ! J'vous souhaite de passer une bonne nuit les gars."
Benjamin Longueflamme
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Jeu 24 Juin - 22:09
Les mots d'Évariste sont bienveillants et Benjamin a presque oublié que, même mercenaire, l'homme reste originaire de Saphir, tout comme lui. Il sait la difficulté de naître homme, la nécessité d'être quelqu'un de travailleur, d'adroit de ses mains, et non pas perdu dans ses rêves. Benjamin mesure souvent la chance qu'il a d'avoir pu voyager, enfant, et encore maintenant, s'ouvrir à d'autres cultures, d'autres mœurs, et comprendre que naître homme n'était pas forcément une fatalité, ni un handicap. Lui qui n'a eu que des frères, si l'on oublie ses demi-sœurs, a bien moins connu que certains la pression de n'être qu'un fils. Il a été marié, certes, mais depuis la mort de sa femme, ses proches le laissent tranquilles sur le sujet : qui viendrait lui reprocher quoi que ce soit, ses frères ? Il l'oublie facilement, la pauvre Lucette, d'autant plus qu'il ne l'a jamais vraiment aimé.

Mais devenir bohémien était un trop grand pas, un pas qu'il n'aurait jamais osé franchir, et il le sait pertinemment. Alors oui, c'est peut-être dommage, comme le souligne Éva, mais Benjamin ne perd pas son temps à regretter ce choix, il aime bien trop ce qu'il fait maintenant ! Et être installé devant ce feu, enroulé dans ses couvertures, lui semble être la juste continuité de ses choix de vie. Il attend patiemment l'armurier, comme un enfant un peu trop grand, le récit de l'histoire que le mercenaire est prêt à illustrer devant leurs yeux.

Et il n'est pas déçu Benjamin. Le morceau de pain qu'il grignote a une saveur particulière devant le récit de l'homme, auquel l'armurier accorde la totalité de son attention. Il frissonne, même, malgré ses couvertures : le froid, voyons, quoi d'autre ? Il n'est plus un enfant ! Il ne peut s'empêcher, pourtant, de détourner ses yeux d'Évariste et de regarder autour de lui lorsque surgit le cliquetis, puis le sifflement : la partie rationnelle de son cerveau a beau lui souffler qu'il s'agit d'une illusion, tout est bien trop réel dans le récit de leur conteur pour qu'il l'écoute ! L'armurier sursaute violemment quand tout disparaît soudain, et qu'un Évariste moqueur leur souhaite une bonne nuit. "T'es nul."  Lance-t-il, en réponse au grand sourire de l'homme. Peuh, il n'est pas effrayé et agacé, allons donc ! Le mercenaire a raison pourtant, il est plus que temps de s'allonger pour la nuit, étant donné le chemin qu'il leur reste à parcourir demain. Les gardes s'organisent et Benjamin essaye de se détendre, enroulé dans ses couvertures, résistant de toutes ses forces à l'envie de mettre la couverture sur sa tête, ou de se blottir contre Évariste, ce qui serait tout autant dégradant pour l'homme fier qu'il est. Mais il ne fait pas vraiment le fier, pour le coup. Tout le monde s'allonge mais les bruits alentours enflent démesurément et Benjamin se redresse soudain, contrôlant de son mieux l'inquiétude - pas la panique, non, pas du tout - de sa voix. "Vous n'avez rien entendu ?"

Les regards se tournent vers lui, goguenards, Benjamin pourrait le jurer. "C'est le vent" Lui assure Henry, et l'armurier se recouche bien sagement. Presque. Il ne lui faut pas cinq minutes pour se relever à nouveau, blotti dans ses couvertures, serrant dans sa main le manche de la dague qu'il avait posé à portée. "Que Mars en soit témoin, j'ai entendu comme un sifflement." Cette fois, les regards ne sont pas les seuls à être amusés, et Henry ne dissimule pas son sourire. "Tu ne laisserai pas les histoires de notre conteur te monter à la tête, petit ?" Benjamin s'apprête à grommeler qu'il n'est pas si petit que ça, mais préfère grogner et se recoucher, le dos à ses compagnons de voyage. Ce n'était qu'une histoire, il le sait. Rendue bien trop réelle par les talents d'Évariste. Juste une histoire.

Six minutes. Six minutes durant lesquelles il a résisté à l'envie se boucher les oreilles et à fermer les yeux aussi fort que possible. Six minutes avant de se redresser, le regard aux aguets, se promenant dans la pénombre qui entoure leur camp de fortune, sa fierté oubliée quelques secondes. "Je crois que j'ai vu quelque chose bouger." Pas un monstre. Certainement pas un monstre. Parce que ça n'existe pas, n'est-ce pas ? Ce ne sont que des histoires.
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