Topaze, terre du Silence

La Topaze

Géographie
La région de Topaze se situe à l’ouest complet du continent habitable. Elle est une région assez imposante, mais sans doute la moins habitée de toutes celles qui forment Carat. Elle s’étend sur une immense presqu’île qui n’est reliée au reste du monde que par, au sud, deux bandes de terre vers Nacre et au nord par un pont qui lie Topaze à Rubis : le pont d’Onyx. Le pont en lui-même semble taillé dans de l’onyx – d’où son nom. Il est fait d’un seul et unique bloc qui prend racine dans la terre du nord de Topaze et s’étend jusqu’à s’enfouir à nouveau dans le coeur des Monts du Passage, symbolisant la frontière sud-ouest de Rubis. Intégralement lisse, le temps ne semble pas avoir laissé la moindre empreinte sur lui : aucune attaque extérieure, magique ou autre, n’a pu entamer sa perfection brute. La surface peut être gravie sans difficulté… En revanche, lorsqu’il pleut, il devient dangereux de s’y aventurer, celle-ci pouvant aisément se transformer en une immense patinoire. L’aide de charmes d’adhérence n’est pas de trop pour franchir ce pont. Celui-ci abrite sur toute sa longueur les vestiges d’une ancienne ville disparue depuis. Des maisons fixées là détruites par les vents et les orages, dont les bases semblent ancrées à jamais dans la pierre noire. On peut encore y trouver refuge, mais personne n’y vit durablement. Certaines légendes prétendent que le pont est hanté, d’autres maudit pour ceux qui s’y arrêteraient.
La traversée prend presque une demi-journée tant le pont est immense.

En lui-même, le territoire de la région de Topaze est double : au sud, une partie est un immense désert de sable aride, où les dunes flirtent avec le bord de l’océan maudit. Le terrain est changeant et vallonné, sans aucun chemin par lequel se repérer. Quelques oasis ponctuent ici et là le désert, mais la majorité de celui-ci est vide de vie humaine fixe. Autour des oasis se dressent quelques villages, construits d’argile et de pierres sombres tirées des montagnes du sud de Topaze. Les ruines sont légion, dans toute la région ensablée : d’anciens campements et bâtiments se dressent ici et là, à jamais ensablés. Vestiges d’un temps plus clément, peut-être. De temps à autre des expéditions sont menées pour découvrir ce que renferment les ruines, mais jusqu’ici rien de bien probant.
Dans le désert poussent nombre de plantes habituées aux environnements arides : cactus, plantes grimpantes sur les rochers, cyprès, graminées habituées aux environnements chauds.
La plus grande ville du désert est la capitale de la région, Tourmaline. Bâtie à la limite entre le désert et la cuve, celle-ci s’étend des deux côtés et dresse ses murs imprenables autour de son coeur.

Plus au nord, s’étendant de la limite de la capitale jusqu’au pont d’Onyx, les sables de Topaze cèdent la place à une immense zone creuse. Cratère naturel étonnant, celui-ci descend en pente douce de plus d’une quinzaine de mètres avant de remonter, tout aussi calmement, jusqu’à une zone de plat où le pont prend racine. Le Puy, comme on l’appelle, est entouré par les dunes de sable qui le protègent des marées. Cependant c’est également à double tranchant : le sable, petit à petit, glisse le long des pentes…
Le Puy, doucement vallonné, s’étend sur des kilomètres et des kilomètres de pentes douces. Sur celles-ci sont construits des petits hameaux, majoritairement regroupés autour d’une exploitation.

En effet, la principale ressource de Topaze vient de l’élevage : le Puy leur offre le terrain parfait pour faire paître leurs bêtes. Celles-ci s’y sentent particulièrement bien. On parle ici majoritairement de bétail, ainsi que de chevaux – même si certains sont élevés en Nacre. La faune de cette zone peu boisée permet également aux bêtes sauvages pas exceptionnellement dangereuses de se sentir en toute sécurité – lapins, belettes, souris… Pour le bonheur ou l’horreur des habitants. Certains champs de légumes sont cultivés au fond du Puy, là où le sol est plus ou moins plat.
Ils sont aussi de bons artisans verriers, dans d’immenses fours de verrier où ils transforment le sable des dunes en objets plus décoratifs qu’utilitaires. Cette profession est plus développée au coeur du désert que dans la vallée.
Ils creusent également les montagnes du sud, mais conservent les pierres extraites pour leur usage personnel et ne l'exportent pas. Le seul bâtiment construit en pierres de Topaze hors de Topaze est le palais impérial.

Les Topaziens sont également de grands penseurs, bien que cela ne soit pas exactement une ressource simple à monnayer : leurs écrits et leurs réflexions sont souvent encensés, et c’est leur savoir reconnu qui fait que la plus grande université – excepté celle de magie, à Opale – se trouve à Tourmaline.

Villes
La plus grande ville de Topaze est Tourmaline, la capitale. Cité fortifiée ancestrale, ses murs de pierre sont plus épais que les remparts de la capitale de l’Empire, Opale, et montent bien assez haut pour décourager n’importe quelle prise de la ville. Sa porte de chêne nécessite une force considérable pour l’ouvrir ou la fermer, et elle est engravée de sorts afin de la rendre ininflammable et impossible à dégonder en cas d’attaque. La cité en elle-même ressemble donc, de loin, à un immense bloc de pierre. A l’intérieur, la grande-rue s’étend directement jusqu’au château princier, construit à même le mur d’enceinte : bâtiment de la même pierre que le reste de la ville, seule la topaze directement incrustée au-dessus de la porte d’entrée rappelle le caractère princier de cet édifice. Autrement, il ne ressemble guère qu’à une immense maison, sans aucune tour pour dénoter de son caractère noble.
Globalement, Tourmaline est une ville monochrome : les portes sont toutes du même bois clair tiré des ifs de la vallée, les fenêtres sont toutes de ce verre légèrement teinté pour occulter à loisir les rayons du soleil grâce à la magie, les murs et les pavés – rectangulaires, parfaits – sont tous taillés dans la même pierre. Tourmaline est une cité d’ordre, tout comme son peuple. Les maisons sont ainsi toutes construites sur les mêmes plans au sein de la cité : deux étages, trois si l’habitant a pignon sur rue. Pas de fantaisie à l’extérieur. Même les auberges et les tavernes ne dérogent pas à la règle. Rien qui ne soit disgracieux ou ne perturbe l’harmonie des lignes perpendiculaires.
L’université se trouve à l’est, non loin du temple de la divinité de la Connaissance.

Les villes de Topaze suivent globalement ce même schéma, même si la seule ville fortifiée reste la capitale. Une ville uniforme, un campement uniforme. Dans la vallée, les hameaux et villages sont tous construits de la même manière, chaque ferme presque une copie conforme de l’autre si l’on exclut l’agencement des pièces.

Au coeur du désert, les villes ne sont pas construites pour durer à cause du sable volant. Lorsque, autour des oasis, sont construits des villages, ceux-ci restent basés sur le même modèle qui se répète inlassablement. Les mêmes rues, les mêmes bâtiments. Il n’est pas rare que lorsqu’un village se monte, celui-ci se construise exactement sur les ruines de prédécesseur.

Si les Topaziens n’ont pas d’imagination en ce qui concerne leur architecture et l’urbanisme, ils ont en revanche un bon sens de l’humour pour les noms de leurs agglomérations. On trouve ainsi la ville de Trois-Jours, au coeur du désert, car elle se trouve à trois jours de marche de la capitale. Demain, terres du prince, sont supposément nommées ainsi que le grand-père de l’actuel dirigeant aimait bien répondre cela à ceux qui l’ennuyaient fortement. « Je verrai demain. »
Les noms ne sont pas figés, en Topaze, et ils changent plus qu’ailleurs. Autant pour les gens que pour les lieux.

Il est également intéressant de parler de la ville qui se trouve au pied du mont d'Argile, construite uniquement par les Argiles avec... Plus ou moins de talent. Des maisons grossières, un peu démontées, des portes branlantes, des routes de poussière. Un village d'hors-la-loi.

Coutumes, vêtements…
Dû à la chaleur du désert, les vêtements de Topaze se font amples et légers, de couleur claire mais toujours vive. Ils aiment la couleur, allant parfois jusqu’au criard, et si leurs tenues flottent au vent elles ne demeurent pas moins couvrantes au possible. Le peuple de Topaze n’aime pas laisser sa peau dénudée : le soleil frappe fort, dans le désert, et un coup de soleil est vite arrivé. Même dans des terres plus tempérées ils ne se départissent jamais d’un châle chatoyant. C’est d’ailleurs à leur châle qu’on les reconnaît, car tout bon Topazien ne sort jamais sans – si ce n’est en privé, ou pour aller travailler.

Si des villes sont construites au coeur du désert, il n’empêche que le peuple qui vit dans les dunes, changeant comme elle, a bien du mal à y rester. Aussi, sans pour autant être entièrement des nomades, les Topaziens effectuent une « rotation » chaque semestre, tout autour du désert et de la Cuve – hormis pour les marchands ayant une échoppe fixe, et ceux dont le métier les retient à un emplacement.

Le premier jour du mois, une famille désireuse de changer est tirée au sort pour voyager jusqu’à la prochaine ville, où elle prendra la place d’une autre et continuera sa vie. Cela permet également de lier connaissance avec tout le monde, et de voyager. Il s’agit d’une des coutumes les plus importantes de Topaze.

Le peuple de Topaze est un peuple qui chérit ce qui a été. Ceux-ci tiennent en grande estime le passé et se sont persuadés que les premiers êtres à être venus au monde étaient nés au coeur de Tourmaline. Ils sont d’admirables penseurses et n’ont pas leur pareil pour élaborer de compliqués et impraticables plans. Ils ont ainsi pour les sciences les plus abstraites et les moins pratiques – la conception de plans, l’astronomie, la philosophie, le calcul – un amour immodéré.

Cependant ils sont lunaires à cause de leur passion pour toutes ces choses qui ne trouvent aucune application tangible : leur esprit s’égare et il n’est pas rare de les retrouver passifs pendant de longues périodes. Leurs créations de verre sont à cette vision : un joyeux foutoir. Leur esprit volatile et un peu farfelu fait d’eux un peuple de blagueurs et de changements. C’est également un peuple de silence et de mensonges : si tu ne dis rien, je ne dis rien. La loi du silence est une loi importante, au coeur du désert comme au Puy.
Ils sont également le peuple le plus pieux.
Niveau arts, hormis leur art de verrerie, ceux-ci sont d’admirables auteurices et de bons sculpteurices.

Il faut noter que c’est chez eux le concept de monogamie est le plus répandu. La polygamie et polyandrie, même au sein de la noblesse, n’est pas vue d’un bon œil. Comme partout ailleurs, le divorce est inexistant.

Fait intéressant, ils ne sont pas les meilleurs Prismes du continent : peu des gens de Topaze sont des Prismes. C’est leur rareté qui fait de Topaze une sorte de lieu d’exil pour les gens non-magiques. Une communauté s’est formée au sud du désert, près de la Montagne-Monde. Cette communauté, quoi qu’illégale – les Argiles n’ont pas le droit de se rassembler en communauté – est tolérée par le prince de Topaze actuel.

Politique
La zone de Topaze est actuellement une zone de l’Empire de Carat en les temps de la révolution. Celle-ci n’a pas été annexée par la Trinité.
A sa tête se trouve le Prince Hector de Demain, homme imbu de lui-même et plus porté sur la réflexion que sur l’action. Toutes ses actions militaires sont menées par son frère cadet, Silas. Ceux-ci forment à eux deux le duo de tête de la Princée de Topaze, et ont l’autorité suprême.
En effet, a contrario du conseil des Chefs de Rubis et des Conseillers d’Aiguemarine, le prince de Topaze gouverne entièrement seul.

Il existe peu de nobles en Topaze : à quoi bon régner sur un domaine qui ne possède rien, ni revenu, ni château, et que l’on échangerait avec son voisin pour peu que l’on ne puisse plus supporter de vivre ici ? Les domaines du désert, sont, en général, étendus autour d’une oasis, et la demeure seigneuriale est construite de manière à rester en place au milieu des autres.

Tout sympathisant du régime ennemi découvert sur les terres de Topaze risque la peine de mort, mais devra être jugé avant toute exécution. Les Topaziens sont autant friands de ce genre d’amusement qu’ils en sont outrés, mais savent qu’une personne mérite la chance de prouver qu’elle a commis une erreur avant de se faire pendre ou décapiter - suivant l’envie. En cas de noble, ceux-ci seront déchus de leur rang et leur famille déchue avec eux. Si leur famille ne se montre pas sympathisante du régime, elle peut être épargnée.